(Lima) Le président du Pérou Pedro Castillo, visé depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus d’un an par plusieurs enquêtes pour corruption et trafic d’influence, a comparu lundi devant le ministère public pour obstruction présumée à la justice après le limogeage en juillet de son ministre de l’Intérieur.  

Vêtu d’une veste rouge, M. Castillo s’est présenté à 8 h 05 (13 h 05 GMT) devant la procureure générale Patricia Benavides, qui soupçonne qu’avec le départ de Mariano Gonzalez le 20 juillet, deux semaines seulement après sa nomination, M. Castillo aurait cherché à faire avorter la mise en place d’une équipe spéciale de la police chargée de retrouver deux membres de son entourage en fuite.

Le président de gauche radicale a également été interrogé au sujet d’un trafic d’influence présumé au sein de l’entreprise publique PetroPeru, ainsi que pour avoir prétendument dirigé un réseau de corruption. Son audition a duré deux heures et demie.

« Nous sommes allés dire à la procureure de la Nation non seulement que je rejette et nie catégoriquement ces fausses accusations, mais aussi que je n’allais pas me dérober », a déclaré M. Castillo à un groupe de sympathisants venus le soutenir devant le palais gouvernemental.  

« Le président a répondu dans trois affaires. Il a nié chacune des accusations. Il a clamé son innocence », a indiqué à la presse au terme de l’audition son avocat Benji Espinoza. Comme à son accoutumée, M. Castillo a fait valoir son droit au silence, se limitant à faire une déclaration générale niant les allégations portées à son encontre, selon son avocat.

Pedro Castillo a déjà été auditionné à deux reprises, mi-juin et début août. Il fait l’objet de six enquêtes, une situation sans précédent au Pérou.

Son épouse, Lilia Paredes, avait également été convoquée lundi pour les mêmes affaires, mais son audition a été suspendue à la dernière minute, a indiqué son avocat.

Protégé par son immunité présidentielle jusqu’à la fin de son mandat en 2026, M. Castillo ne peut pas être renvoyé devant un tribunal, mais la Justice peut mener des enquêtes le concernant.

Outre ses démêlés judiciaires, Pedro Castillo a dû faire face à deux tentatives de destitution par le Parlement, alors que sa gestion des affaires du pays est contestée. Depuis son arrivée au pouvoir, trois premiers ministres se sont succédé et sept ministres de l’Intérieur.