(Atalaia do Norte) Le président brésilien Jair Bolsonaro a affirmé mercredi que le journaliste britannique Dom Phillips, disparu il y a dix jours en Amazonie, était « mal vu » dans cette région à cause de ses reportages sur l’orpaillage illégal.

« Cet Anglais était mal vu dans la région, parce qu’il faisait beaucoup de reportages contre les orpailleurs, sur l’environnement », a déclaré le chef de l’État lors d’un entretien sur la chaîne YouTube de la présentatrice Leda Nagle.

« Dans cette région très isolée, beaucoup de gens ne l’aimaient pas. Il aurait dû redoubler de précautions […] Là-bas, il y a des pirates sur le fleuve, c’est imprudent d’arpenter les lieux sans être armé », a-t-il ajouté.

Dom Phillips, 57 ans, et son compagnon d’expédition, l’expert brésilien Bruno Pereira, 41 ans, ont été vus pour la dernière fois le 5 juin, alors qu’ils se rendaient en bateau à Atalaia do Norte, ville amazonienne proche de la frontière avec le Pérou et la Colombie.

La région dans laquelle ils ont disparu, la vallée du Javari, est réputée dangereuse, avec de nombreuses incursions de narcotrafiquants, de pêcheurs, de bûcherons et d’orpailleurs clandestins.

En dix jours de recherches, les autorités ont retrouvé des traces de sang sur l’embarcation d’un des deux suspects arrêtés, ainsi que du « matériel organique apparemment humain » en cours d’analyse.  

Des effets personnels des deux hommes ont également été trouvés sous l’eau, dans une zone inondée près du domicile d’un des suspects.

« Tout porte à croire – s’ils ont été tués, et j’espère que ce n’est pas le cas – que leurs corps sont dans l’eau. Si c’est le cas, il ne va pas en rester grand-chose, les poissons peuvent les manger, je ne sais pas s’il y a des piranhas dans la région », a ajouté le président d’extrême droite.

Photo GREGG NEWTON, archives Agence France-Presse

Jair Bolsonaro

Collaborateur de longue date du journal The Guardian, Dom Phillips s’est rendu en Amazonie dans le cadre de recherches pour un livre qu’il préparait sur les défis de la préservation de l’environnement. Bruno Pereira, défenseur reconnu des peuples indigènes, lui servait de guide.

Leur disparition a suscité une vive émotion dans le monde entier, avec des réactions de personnalités politiques de premier plan et de célébrités comme les membres du groupe de rock irlandais U2.

Mercredi, le premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré devant le Parlement à Londres être « profondément préoccupé » par cette disparition.