(Mexico) Un sixième journaliste a été assassiné vendredi depuis le début de l’année au Mexique, dans la localité considérée comme la plus dangereuse du pays, au cœur d’une région prise dans l’étau de la guerre entre les deux principaux cartels du pays.

Journaliste et chauffeur de taxi, Juan Carlos Muniz alias « Rigoberto » a été tué par balles dans son véhicule par des inconnus qui ont réussi à prendre la fuite à Fresnillo dans l’État du Zacatecas (nord).  

Son assassinat et son statut de journaliste ont été confirmés de source officielle immédiatement. « Je condamne l’acte qui a visé cet après-midi à Fresnillo Juan Carlos Muñiz, qui travaillait pour le portail d’information Testigo Minero. Nous exprimons notre solidarité envers ses proches, ses amis et ses collègues », a déclaré sur Twitter le gouverneur de l’État de Zacatecas (nord), David Monreal.

Le gouverneur, membre du parti au pouvoir Morena (gauche), a demandé à la justice « d’éclairer les faits et de trouver les responsables dans les meilleurs délais ».  

Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête, en se mettant en contact avec un mécanisme gouvernemental de protection des journalistes supposé les défendre quand ils sont menacés.

Les crimes envers les journalistes (environ 150 en 20 ans) restent généralement impunis.

Le Mexique est l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes, en raison de la violence des narcotrafiquants, de l’impuissance des autorités à les défendre, et de la collusion de responsables politiques avec le crime organisé, que des journalistes dénoncent.  

Bon nombre de rédacteurs en situation précaire ont également du mal à vivre de leur métier, et doivent boucler les fins de mois avec d’autres activités.

« Le lâche assassinat de notre collègue et ami a bouleversé une grande partie de la société de Fresnillo, ainsi que toute la corporation journalistique », a écrit sur sa page Facebook le site d’information Testigo Minero.

Dix corps devant le palais du gouverneur

La localité de Fresnillo dans l’État minier du Zacatecas, est la plus dangereuse du Mexique, d’après une enquête en janvier indiquant que 96 % de ses quelque 240 000 habitants éprouvent un sentiment d’insécurité.

Cœur historique du Mexique colonial, Zacatecas a sombré dans la violence ces derniers mois en devenant le terrain d’affrontement entre les deux principaux cartels mexicains, Jalisco Nouvelle Génération et Sinaloa du « Chapo » Guzman, qui purge une peine de prison à vie aux États-Unis.

Début janvier, dix corps ont été retrouvés dans une camionnette abandonnée en plein centre historique de la ville de Zacatecas, devant le palais du gouverneur.

Le président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, avait dénoncé « un acte de provocation », en évoquant lui-même « des affrontements entre des groupes ».

En novembre, le même AMLO-ses initiales et son surnom-s’était déplacé avec l’ensemble de son gouvernement à Zacatecas pour annoncer des renforts sécuritaires après la découverte d’une quinzaine de corps au total pendus à des ponts en quelques jours. Ce procédé porte la signature des cartels dans la guerre violente qu’ils se livrent.

Au total six journalistes ou collaborateurs de sites d’informations ont été tués au Mexique depuis le début de l’année.

Deux d’entre eux ont été exécutés à Tijuana, la ville-frontière avec les États-Unis au nord-ouest. Parmi les victimes figure également le directeur d’un site d’information dans l’État de Veracruz (est) et le collaborateur d’un site d’information dans le Michoacan (ouest).