(Guatemala) Le gouvernement guatémaltèque a prolongé mercredi d’un mois l’état de siège imposé en décembre à deux localités indigènes de l’ouest du pays, où un vieux conflit foncier a fait 13 morts le mois dernier.  

« Pour maintenir l’ordre constitutionnel, la sécurité de l’État et retrouver le bon gouvernement du territoire, il est nécessaire de prolonger l’état de siège » dans les communes de Nahuala et de Santa Catarina Ixtahuacan, selon la décision publiée au Journal officiel.  

L’état de siège, qui restreint plusieurs droits constitutionnels comme celui de manifester et de porter une arme, est prolongé en raison de la « persistance des causes » du conflit et la « présence de groupes armés », selon la même source.  

PHOTO JOHAN ORDONEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des autochtones portent le cercueil d’un proche tué lors d’un massacre survenu le 17 décembre 2021 dans le village voisin de Chiquix, lors de l’enterrement au cimetière municipal de Chiquisis, dans la municipalité de Santa Catarina Ixtahuacan, au Guatemala, le 20 décembre 2021.

Le Parlement, où le parti au pouvoir est majoritaire, doit encore ratifier le texte.  

Le conflit foncier entre les deux villages habités par des communautés indigènes mayas dure depuis plus de 100 ans et a suscité de nombreux épisodes de violences.  

Le 17 décembre, 13 personnes, dont trois enfants d’une même fratrie, avaient été assassinées dans le village de Chiquix, à côté de Nahuala. Trois personnes ont été depuis arrêtées en lien avec ces meurtres.  

Le 7 janvier, des policiers et militaires déployés dans la zone pour mener des perquisitions et procéder à des détentions dans le cadre de l’enquête ont été la cible de tirs. Un policier a été tué et une vingtaine d’autres blessés.  

Au total, 6500 forces de l’ordre ont été déployées.  

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Environ 6500 policiers et militaires déployés dans la zone pour mener des perquisitions et procéder à des détentions dans le cadre de l’enquête.

Le président Alejandro Giammattei a offert des récompenses équivalentes à 6250 dollars américains pour toute information pouvant conduire à la capture de personnes ayant participé aux deux incidents.  

Mardi, le chef de l’État a participé à une nouvelle réunion avec des responsables locaux pour tenter d’élaborer un programme permettant de définir les limites des deux villages et améliorer la situation économique des habitants, dont beaucoup vivent dans la misère.  

En mai 2020, après une nouvelle escalade de violence dans cette région, le président avait déjà décrété l’état de siège et tenté d’instaurer un dialogue entre communautés, qualifié d’« échec » par celle de Santa Catarina Ixtahuacan.   

Au Guatemala, les communautés indigènes, dont la majorité des membres vit dans la pauvreté, représentent plus de 40 % des 17 millions d’habitants.