(Rio de Janeiro) Le Brésil devrait officiellement dépasser les 400 000 morts du coronavirus jeudi soir, lorsque seront publiées les données du ministère de la Santé du deuxième pays le plus endeuillé par la pandémie derrière les États-Unis.

Quelques heures avant cette annonce, un consortium de grands médias qui établit depuis des mois un comptage indépendant a annoncé que ce seuil avait été franchi, avec 400 021 morts enregistrés en 14 mois de crise sanitaire.

Après quatre mois de hausse incontrôlable du nombre des morts et des nouveaux cas de contamination, les courbes se sont stabilisées depuis la mi-avril, mais sur un plateau encore très élevé.  

Cette légère décrue est toutefois très fragile, selon les épidémiologistes, qui redoutent les effets de la réouverture des bars, des restaurants ou des plages dans des villes comme Rio de Janeiro par exemple.

Il n’en reste pas moins que le nombre des morts a augmenté de façon exponentielle depuis le début de l’année au Brésil, sous l’effet du variant P1 : il a fallu plus de cinq mois pour passer de 100 000 à 200 000 morts, le 7 janvier, mais ensuite seulement 77 jours pour atteindre les 300 000 morts (24 mars) et 37 pour les 400 000.  

La deuxième semaine d’avril a été la plus dévastatrice, avec deux journées à plus de 4000 morts enregistrées en 24 heures.

Dans cet immense pays de 212 millions d’habitants, le taux de mortalité est le plus important des Amériques et de l’hémisphère Sud, de 189 pour 100 000, dépassant celui du Royaume-Uni (188).  

Une commission d’enquête parlementaire a été instaurée mardi au Sénat pour étudier la façon dont le gouvernement a géré la crise sanitaire, jugée inepte et irresponsable par de nombreux spécialistes.

L’enquête portera notamment sur la crise de Manaus, qui a connu une grave pénurie d’oxygène et la mort de dizaines de patients asphyxiés. Elle met le président Jair Bolsonaro dos au mur, à un an et demi de la présidentielle où il souhaite briguer un deuxième mandat.

Mais celui qui n’a cessé de minimiser la crise et de lutter contre les mesures de confinement a réaffirmé cette semaine n’avoir « pas fait d’erreur ».

La vaccination progresse très lentement dans ce pays qui a pourtant une longue tradition d’efficacité vaccinale. À ce jour, seules 28 millions de personnes ont reçu une première dose, soit 13,2 % de la population, et 12 millions, la seconde.