(Brasilia) Le Sénat brésilien a instauré mardi une commission d’enquête sur la gestion de la crise de coronavirus par le gouvernement du président Jair Bolsonaro, critiqué de toutes parts à un an et demi de la présidentielle de 2022.

Le dirigeant d’extrême droite a minimisé la pandémie sous tous ses aspects, rejetant le confinement, le port du masque et même les vaccins dans un premier temps, préférant vanter les mérites de médicaments jugés inefficaces par les spécialistes, comme l’hydroxychloroquine.

Presque 400 000 morts

Le Sénat va se pencher sur d’éventuelles « omissions » du gouvernement, alors que le Brésil doit dépasser dans les prochains jours le seuil des 400 000 morts de COVID-19, le deuxième pire bilan au monde après les États-Unis.

La commission d’enquête parlementaire, instaurée pour un mandat de 90 jours renouvelable, doit dire si des délits de négligence, voire de corruption, ont été commis, notamment lors de la pénurie meurtrière d’oxygène à Manaus (nord), métropole nichée au cœur de la forêt amazonienne.

« Je crois que cette commission va poser beaucoup de problèmes au président », explique à l’AFP André Rehbein Sathler, chercheur pour le site Congresso em Foco, spécialisé dans l’analyse du Parlement.

Ils n’ont même pas vraiment besoin d’enquêter. Tout le monde a vu au grand jour la façon dont le gouvernement a géré la pandémie.

Andre Rehbein Sathler, chercheur pour le site Congresso em Foco

« Ce ne sont pas seulement des omissions, mais aussi des actions. Le gouvernement a saisi la Cour suprême pour faire annuler des mesures de restriction (de mouvement ou d’activité) prises par certains États et s’est refusé à acheter des vaccins », résume le chercheur.

Certaines commissions d’enquête parlementaires au Brésil ont parfois eu des effets dévastateurs pour le gouvernement : l’une d’elles a préparé le terrain pour la destitution du président Fernando Collor en 1992.

Mais d’autres gouvernements en sont sortis indemnes.

Sentant que le vent commençait à tourner, Jair Bolsonaro s’est récemment rapproché du Centrao, groupe informel de partis centristes qui monnaient leur soutien au Parlement en échange de postes importants.

Mais cette alliance semble fragile, alors que les critiques envers le gouvernement sont de plus en plus acerbes, l’opposition n’hésitant pas à qualifier le chef de l’État de « génocidaire ».

Avec un taux de rejet à plus de 50 % dans les derniers sondages, ce dernier semble plus vulnérable que jamais avec cette crise sanitaire qui a pris une dimension politique, menaçant ses projets de réélection en 2022.