(New York) Le président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, a aidé à acheminer des tonnes de cocaïne vers les États-Unis, a affirmé mardi un procureur fédéral new-yorkais, dans son réquisitoire à l’ouverture du procès d’un narcotrafiquant présumé.  

Selon le procureur Jacob Gutwillig, Geovanny Fuentes a « versé des pots-de-vin même au président du Honduras », et était devenu « intouchable » grâce à leur association. Le président du Honduras a touché, entre 2013 et 2014, quelque 25 000 dollars pour garantir la protection du narcotrafiquant, d’après M. Gutwillig.  

Selon le procureur, l’un des témoins pour l’accusation lors de ce procès qui doit durer deux semaines témoignera à la barre « du choc et de la peur qu’il a ressentis en voyant l’accusé assis aux côtés du président ».  

Le témoin, José Sanchez, devrait aussi citer des propos du président, qui aurait dit à M. Fuentes qu’il transporterait « tellement de cocaïne vers les États-Unis que les “gringos” en auront jusqu’aux narines ».   

L’avocat de M. Fuentes, Eylan Schulman, a lui tenté de discréditer d’avance ces témoins à charge.

« Supposément 25 000 dollars peuvent suffire à corrompre un président », a-t-il lancé.  

Il a souligné que José Sanchez, qui a demandé l’asile aux États-Unis, avait « beaucoup à gagner, et rien à perdre » en témoignant pour l’accusation. Et il a averti les jurés qu’un autre témoin à charge, l’ex-leader du cartel hondurien Leonel Rivera, était « l’un des pires assassins » au monde.  

Les procureurs new-yorkais considèrent le président Hernandez, 52 ans, au pouvoir depuis janvier 2014, comme « co-conspirateur » de M. Fuentes dans le trafic de cocaïne, même si le dirigeant n’a pas été inculpé.

Le procès de M. Fuentes intervient après le procès du frère du président, Tony Hernandez, un ex-député jugé coupable de trafic de cocaïne à New York en octobre 2019.  

L’audience pour fixer sa sentence, plusieurs fois reportée, est désormais prévue pour le 23 mars. Il risque la perpétuité.

Lors de la condamnation de son frère, le président Hernandez, surnommé « JOH », avait dénoncé le verdict, rejetant « les versions fausses et irresponsables qui cherchent à salir le nom du Honduras » à l’origine de ce jugement.