(San Pedro Sula) Au moins 3000 Honduriens ont pris la route à pied vendredi formant une caravane humaine dans l’espoir d’entrer aux États-Unis et d’y trouver une vie meilleure, malgré les restrictions imposées par le Guatemala et le Mexique sur leur chemin.  

Beaucoup de migrants veulent croire que le président Joe Biden, qui sera investi mercredi, assouplira la politique migratoire des États-Unis, même si Washington les a déjà mis en garde.  

Le gros de la foule est parti peu après 4 h locales (10 h GMT) de San Pedro Sula, à 180 km au nord de Tegucigalpa, en direction d’Agua Caliente, frontalière avec le Guatemala, un trajet d’environ 260 km, a constaté l’AFP. Un premier contingent de 300 personnes avait déjà pris la route jeudi.  

Un groupe s’est détaché vendredi du gros cortège pour se diriger vers un autre poste-frontière, celui d’El Florido, plus proche, avec l’intention de rejoindre le reste de la caravane une fois entré au Guatemala.

PHOTO YOSEPH AMAYA, REUTERS

Des policiers attendent les migrants à un point de contrôle de Cofradia pour vérifier leurs papiers d’identification.

Des centaines de policiers guatémaltèques en tenue antiémeute ont pris position aux postes-frontière de la frontière Guatemala Honduras

La situation économique de nombreux habitants du pays d’Amérique centrale, déjà soumis à la violence des gangs et des narcotrafiquants, s’est encore détériorée avec le passage de deux puissants ouragans en novembre et les conséquences de la pandémie de coronavirus.

« Mon rêve c’est d’arriver aux États-Unis, de m’acheter une petite maison, parce que j’en ai assez de vivre ici en louant et de travailler pour d’autres personnes », raconte à l’AFP Melvin Fernandez, un chauffeur de taxi du port de La Ceiba parti avec son épouse et ses trois enfants de 10, 15 et 22 ans.  

Norma Pineda, 51 ans, s’est retrouvée « à la rue » après les passages des ouragans Eta et Iota. « Nous partons, car il n’y a pas de travail ici, les autorités ne nous aident pas, on a besoin de nourriture, de vêtements… », raconte-t-elle.

Au milieu des familles, enfants dans les bras, chemine Eduardo Lanza, un diplômé en administration de 28 ans, qui se déclare homosexuel et dit fuir les discriminations dont sont victimes « les personnes d’une sexualité différente » comme lui.

« Le cœur brisé »

« Nous partons le cœur brisé. Moi, je laisse ma famille, mon mari et mes trois enfants », se lamente Jessenia Ramirez, âgée de 36 ans. « Nous partons à la recherche d’un avenir meilleur », ajoute-t-elle en confiant son espoir que le président Biden lui laisse « une chance ».

« Ne perdez pas votre temps et votre argent et ne risquez ni votre sécurité ni votre santé », a cependant déclaré jeudi le commissaire par intérim du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP), Mark A. Morgan.  

Les migrants marchent en colonne le long des routes, sac au dos, la plupart le visage couvert d’un masque en raison de la pandémie de COVID-19.  

Le Guatemala impose aux migrants pour traverser la frontière de présenter des documents d’identité en règle et un test PCR négatif. La police guatémaltèque a annoncé avoir refoulé environ 600 migrants de l’avant-garde de la caravane, faute de documents ou de tests.

PHOTO ORLANDO SIERRA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les migrants marchent en colonne le long des routes, sac au dos, la plupart le visage couvert d’un masque en raison de la pandémie de COVID-19.  

De son côté, le gouvernement mexicain a averti qu’il « ne permettra pas l’entrée illégale (sur son territoire) de caravanes de migrants ». Quelque 500 policiers ont été envoyés à la frontière avec le Guatemala.  

Plus d’une douzaine de caravanes de migrants ont quitté le Honduras depuis octobre 2018, mais toutes se sont heurtées aux milliers de gardes-frontières et militaires américains positionnés à la frontière sud avec le Mexique par le président Donald Trump.

La vice-ministre hondurienne Nelly Jerez, qui a reconnu que « tous nous avons droit […] à chercher une vie meilleure », a plaidé pour des migrations « en règle, ordonnées et sûres », car, selon elle, des personnes « sans scrupules » font payer dans les caravanes sous prétexte de servir de guide.

Depuis 2019, 293 de ces passeurs, surnommés des « coyotes », ont été arrêtés.

Les autorités salvadoriennes ont arrêté vendredi deux hommes et une femme, accusés d’avoir organisé sur WhatsApp des caravanes de migrants vers les États-Unis et d’en avoir tiré profit. Ils seront poursuivis pour « trafic illégal de personnes de manière massive », a annoncé le parquet salvadorien.