(San Pedro Sula) Plusieurs centaines de candidats à l’exil ont formé jeudi au Honduras une caravane de migrants qui entend se rendre à pied aux États-Unis, via le Guatemala et le Mexique, à la recherche de meilleures conditions de vie, avec l’espoir d’être autorisés à entrer par le futur président américain Joe Biden.

Un premier contingent de 300 personnes s’est élancé à l’aube de San Pedro Sula, la deuxième plus grande ville du pays, à 180 km au nord de Tegucigalpa, pour rallier la frontière du Guatemala, au poste de Corinto, situé à une centaine de kilomètres.

Par petits groupes, dont certains arboraient le drapeau du Honduras, les migrants portaient pour la plupart des masques de protection sur le visage, exigés par les autorités dans la lutte contre la COVID-19.

PHOTO DELMER MARTINEZ, ASSOCIATED PRESS

Selon l’appel qui se répand sur les réseaux sociaux, quelque 3000 personnes devraient se retrouver jeudi soir à San Pedro Sula pour partir à l’aube vendredi vers Corinto ou Agua Caliente, l’autre point-frontière avec le Guatemala, un trajet de 260 km.

Le Honduras a mobilisé 7000 policiers pour encadrer les groupes de migrants durant leur périple jusqu’à la frontière guatémaltèque.

Les migrants disent vouloir fuir l’extrême pauvreté, le chômage, la violence des gangs et des trafiquants de drogue, ainsi que la crise accentuée par la pandémie de coronavirus et le passage dévastateur de deux puissants ouragans en novembre.

PHOTO DELMER MARTINEZ, ASSOCIATED PRESS

Pas de travail depuis dix mois

« Nous fuyons la misère. Je n’ai pas de travail depuis mars, quand a commencé la pandémie », a expliqué à l’AFP Jessenia Ramírez. Cette cuisinière a perdu son travail dans un restaurant et, à 36 ans, a laissé derrière elle son mari et ses enfants de 21, 18 et 16 ans pour se joindre à cette première caravane de l’année 2021.

Ivan Inestroza, 23 ans, part, lui, avec son épouse Deylin âgée de 18 ans, et sa sœur Leana de 21 ans avec l’espoir de construire « une petite maison et d’économiser un peu d’argent pour créer un commerce » à leur retour au pays. Leur maison a été détruite par les ouragans, indique Deylin qui veut elle aussi « travailler, construire la maison et revenir ».

Tous espèrent que le président Joe Biden, qui sera investi mercredi, assouplira la politique migratoire des États-Unis.

« Ne perdez pas votre temps et votre argent et ne risquez ni votre sécurité ni votre santé », a pourtant déclaré à leur adresse le commissaire par intérim du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP), Mark A. Morgan. C’est un voyage « mortel », les a-t-il mis en garde.  

De son côté, le gouvernement mexicain a averti qu’il « ne permettra pas l’entrée illégale (sur son territoire) de caravanes de migrants, et (qu’il) continuera de s’en tenir à sa législation migratoire et aux protocoles sanitaires établis ».

« Le crime organisé promeut les caravanes », a dénoncé le chef de la police du Honduras Julian Hernandez. « C’est triste de voir partir ces familles qui ont l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie, au risque de tomber dans les mains de ces criminels », a-t-il ajouté devant les journalistes.

Plus d’une douzaine de caravanes de migrants ont quitté le Honduras depuis octobre 2018, mais toutes se sont heurtées aux milliers de gardes-frontières et militaires américains positionnés à la frontière sud avec le Mexique par le président Donald Trump.

Le Guatemala, le Mexique et le Honduras ont signé un accord dit de « pays-tiers sûrs » avec l’administration Trump, dans lequel ils s’engagent à collaborer avec les États-Unis pour stopper les flux migratoires en provenance d’Amérique centrale.

Jeudi, le Guatemala a décrété sept départements en « état d’alerte » face à l’arrivée imminente de la caravane.  

Le décret permet « aux forces de sécurité de dissoudre par la force tout type de rassemblement ou manifestation publique qui se tiendront sans autorisation ».

Si « la migration est un droit », les migrants doivent respecter les normes d’entrée sur le territoire guatémaltèque, notamment en présentant un test négatif à la COVID-19 ainsi que des documents d’identité, y compris pour les enfants mineurs, ont averti les autorités du Guatemala.