(Bogota) La police colombienne a assuré mardi qu’un chef dissident de la guérilla des FARC, dont la presse a annoncé la mort cette fin de semaine dans des affrontements au Venezuela voisin, n’était vraisemblablement plus en vie.

La presse, qui citait des sources des services de renseignement colombiens et vénézuéliens, avait indiqué qu’« El Paisa », de son vrai nom Hernan Dario Velasquez, l’un des principaux commandants dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), avait été abattu dans l’État vénézuélien d’Apure, frontalier de la Colombie, dans des combats ayant impliqué une faction rebelle rivale.

« Selon nos informations […] il y a une chance très, très, très élevée qu’il soit mort », a déclaré à la presse le chef de la police colombienne, le général Jorge Vargas.

« Des sources à Arauca (un département colombien voisin du Venezuela) nous ont donné des informations très claires », a-t-il dit. Ce serait la « conséquence de disputes criminelles au sein de l’organisation de la zone du camp au Venezuela […] à plus ou moins 100 km de la frontière ».

« El Paisa », recherché par Interpol et dont la tête était mise à prix près de 700 000 euros par le gouvernement colombien, était l’un des principaux commandants de « Segunda Marquetalia », l’une des principales factions de la dissidence des FARC dirigée par Ivan Marquez.

« Il a été tué avec une personne connue sous le nom de Lulo, c’est ce que nous savons jusqu’à présent », a expliqué le chef de la police.

Le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro n’a fait aucun commentaire sur cette information. Le gouvernement colombien accuse régulièrement le Venezuela de protéger ces rebelles dissidents, ce que Caracas a toujours nié.

Commandant redouté pendant ses années à la tête de la force d’élite des FARC, « El Paisa » s’en est éloigné en 2018 après l’accord de paix de 2016 qui avait désarmé la guérilla la plus puissante d’Amérique latine et dont il était pourtant l’un des négociateurs.

Il est réapparu en 2019, en tenue de camouflage, aux côtés d’Ivan Marquez, l’ex-numéro deux des FARC, et de Jesus Santrich, un autre guérillero influent, pour annoncer son retour aux armes.

Hernan Dario Velasquez s’est rendu célèbre pour ses actions armées, dont l’attentat à la voiture piégée qui avait fait 36 morts et des dizaines de blessés en février 2003 à Bogota, contre un club huppé de la ville.

Commandement décapité ?

Mardi, la presse colombienne faisait également état de la mort d’un autre dirigeant de cette même faction de la Segunda Marquetalia, Henry Castellanos Garzon, alias « Romana », abattu selon elle au cours du même incident de dimanche.

« Nous sommes en train de vérifier », a commenté à ce propos le chef de la police.

Pendant la guerre, « Romana » était particulièrement connu pour son implication dans les nombreux enlèvements et séquestrations contre rançon menés par les FARC.

Le directeur du groupe de réflexion indépendant Indepaz estime que la mort d’« El Paisa » et de « Romana » « serait un coup terrible et irréparable » pour une organisation « qui a très peu de commandants intermédiaires et qui est seulement en train de s’établir dans les territoires ».

« Ce sont les deux leaders les plus importants du point de vue opérationnel et militaire de ce groupe » de quelque 2000 hommes, a déclaré Camilo Gonzalez à l’AFP.

Même sans confirmation officielle, le président Duque a célébré la chute supposée des deux ex-guérilleros : « le fait que ces bandits soient hors d’état de nuire est une bonne nouvelle et montre que les bandits n’ont pas d’endroits où se cacher », a-t-il déclaré mardi à la presse.