(La Paz) L’ancienne présidente bolivienne Jeanine Añez, a qualifié samedi d’« absurdité inconcevable » son placement en détention depuis sept mois, estimant que le gouvernement nie la légalité de son mandat entre 2019 et 2020, dans une lettre envoyée au président Luis Arce.

« Les actions arbitraires de votre gouvernement ont atteint le point d’ignorer mon mandat constitutionnel de présidente, une absurdité inconcevable », a-t-elle écrit.

Selon la présidente intérimaire de Bolivie, après la démission d’Evo Morales en novembre 2019, la légalité de son administration « a été entérinée par une déclaration de la Cour constitutionnelle en janvier 2020 » et une loi adoptée par le Parlement le même mois qui a ratifié « la constitutionnalité de mon mandat ».

Le gouvernement de Luis Arce et son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), ont eux affirmé à plusieurs reprises que la nomination de Mme Añez à la présidence était le résultat d’un « coup d’État » contre l’ancien président Evo Morales (2006-2019).

Elle est poursuivie par la justice pour « terrorisme », « sédition », « conspiration », « génocide », « décisions contraires à la Constitution » et « manquement au devoir ».

Jeanine Añez était la deuxième vice-présidente du Sénat lorsqu’elle s’est proclamée présidente par intérim de Bolivie le 12 novembre 2019, en pleins troubles post-électoraux.  

La sénatrice a pris la tête du pays à la faveur d’une vacance de pouvoir provoquée par les démissions successives de M. Morales, accusé de fraude électorale, et de ses successeurs constitutionnels : le vice-président Alvaro Garcia Linares, la présidente du Sénat Adriana Salvatierra et le président de la Chambre des députés Victor Borda.  

Dans sa missive, Mme Anez ajoute qu’un récent arrêt de la Cour constitutionnelle a entériné les démissions de ces personnalités qui se trouvaient avant elle sur la liste de succession présidentielle.

Le parti au pouvoir affirme lui que Mme Añez a violé les étapes constitutionnelles et qu’elle faisait partie d’un complot ourdi par la droite bolivienne, l’Église catholique, l’Union européenne (UE) et l’Organisation des États américains (OEA) qui avait constaté des irrégularités dans le processus électoral.

Jeanine Añez n’a pas été candidate à la présidentielle d’octobre 2020 remportée par Luis Arce, et a remis en novembre le pouvoir au dauphin d’Evo Morales.

En mars, elle a été arrêtée, ce qui a suscité une large condamnation internationale.  

Jeanine Añez fait partie de la dernière sélection du prix Sakharov du Parlement européen « pour la liberté de l’esprit » qui sera décerné le 20 octobre, aux côtés d’un groupe d’Afghanes et de l’opposant russe Alexeï Navalny.

En 2020, le prix avait été attribué à « l’opposition démocratique » au président Alexandre Loukachenko en Biélorussie.