(Brasilia) Quelque 5000 femmes autochtones ont manifesté vendredi à Brasilia pour protester contre la politique du président Jair Bolsonaro et faire pression sur la Cour suprême qui doit rendre un jugement crucial sur l’avenir de leurs terres.

À la fin de leur défilé, les manifestantes ont brûlé une effigie en carton du président d’extrême droite qui, avec le soutien du puissant lobby brésilien de l’agronégoce, promeut au Parlement des projets de loi que les autochtones dénoncent comme très menaçants pour leurs terres ancestrales.

Le corps tatoué, portant des coiffes de plumes colorées, environ 5000 femmes de 172 ethnies de tout le Brésil, selon les organisateurs, ont marché sur l’esplanade des Ministères, au cœur de la capitale, en criant « Fora Bolsonaro ! » (« dehors Bolsonaro ! ») jusqu’à l’endroit où, en 1997, un autochtone de l’ethnie pataxo avait été brûlé vif par cinq jeunes.

« Les femmes sont celles qui ont le plus besoin de terres démarquées », a déclaré à l’AFP Gliceria Jesus da Silva, une autochtone de 39 ans de l’ethnie tupinamba de l’État de Bahía.

« Les femmes sont vulnérables à cause de la violence des éleveurs, de ceux qui envahissent nos terres, détériorent l’environnement, abattent les arbres, jettent du poison dans les rivières qui finit par empoisonner nos enfants », a-t-elle expliqué.

Les autochtones se plaignent d’invasions croissantes de leurs terres sous la présidence Bolsonaro, notamment par des éleveurs, des orpailleurs ou des trafiquants de bois.

Ces femmes campent depuis mardi dans le centre de Brasilia, où les autochtones ont organisé des manifestations de masse depuis deux semaines alors que la Cour suprême doit rendre un jugement très attendu.

La plus haute juridiction du pays doit confirmer ou rejeter le « cadre temporel » qui ne reconnaît comme ancestrales que les terres qui étaient occupées par les autochtones quand a été promulguée la Constitution, en 1988.  

Or de nombreuses tribus ont été déplacées au cours de l’Histoire brésilienne, notamment sous le régime militaire (1964-85). De retour sur leurs terres, celles-ci réclament la protection du statut accordé aux réserves, auquel est opposé le lobby de l’agronégoce.

La Cour suprême doit encore prolonger la semaine prochaine ses débats, avant de rendre son jugement qui concernera des dizaines, voire des centaines, de réserves objets de litiges depuis des années.

Un jugement qualifié de « jugement du siècle » par les autochtones du Brésil.

« Notre histoire n’a pas commencé en 1988 », lisait-on sur l’une des pancartes des manifestantes.