(Praia) Les avocats d’Alex Saab, un proche du président vénézuélien Nicolas Maduro, accusé de blanchiment, ont dénoncé jeudi la décision de justice du Cap-Vert d’extrader mardi leur client vers les États-Unis, la qualifiant de « suicide constitutionnel ».

Inculpé en juillet 2019 à Miami pour blanchiment d’argent, Alex Saab, 49 ans, avait finalement été interpellé lors d’une étape technique de son avion au Cap-Vert mi-juin 2020. Il est actuellement en résidence surveillée après six mois d’incarcération.

Selon la loi, l’État a désormais 45 jours pour exécuter la décision de la Cour constitutionnelle.

Cette décision répond « aux intérêts purement politiques d’un agenda dicté par Washington. C’est un suicide constitutionnel », affirme la défense de M. Saab dans un communiqué.  

« Au Cap-Vert ni le gouvernement ni le président de la République n’interfèrent dans des décisions judiciaires », a rejeté devant la presse le président cap-verdien Jorge Carlos Fonseca. « Les tribunaux ont décidé en toute liberté et autonomie », a-t-il insisté.

M. Saab est accusé par les États-Unis de tirer les ficelles d’un vaste réseau ayant permis au dirigeant socialiste Nicolas Maduro et à son régime de détourner à leur profit de l’aide alimentaire à destination du Venezuela.

En mars, la Cour des États de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait ordonné la libération de M. Saab.

Mais la Cour suprême du Cap-Vert avait validé son extradition, arguant que le pays n’avait pas signé d’accord donnant une légitimité à cette cour supranationale.

Alex Saab, qui avait introduit un recours devant la Cour constitutionnelle, dénonce une « injustice », liée à « la nature politique » de son arrestation et des poursuites intentées contre lui aux États-Unis.

Avec son associé Alvaro Pulido, également inculpé pour blanchiment, Alex Saab aurait transféré 350 millions de dollars (285 millions d’euros) hors du Venezuela sur des comptes étrangers qu’ils possédaient ou contrôlaient. Les deux hommes encourent jusqu’à 20 ans de prison.

L’opposition vénézuélienne décrit Alex Saab comme une « figure de proue » du pouvoir de Nicolas Maduro.

Caracas, qui a accordé à M. Saab la nationalité vénézuélienne et le titre diplomatique d’« envoyé spécial », considère sa détention sur l’archipel africain comme « arbitraire ».