(Sao Paulo) Le président brésilien Jair Bolsonaro bloque l’accès à ses comptes sur les réseaux sociaux à ses critiques, « violant la liberté d’expression et le droit à l’information », a accusé jeudi l’association Human Rights Watch (HRW).

Au moins 176 comptes – la majorité sur Twitter – de journalistes, membres du Parlement, influenceurs et autres citoyens ainsi que ceux de médias et d’ONG ont été bloqués et n’ont donc plus accès aux comptes du président, a annoncé HRW sur son site.

Jair Bolsonaro « veut éliminer de ses comptes sur les réseaux sociaux les personnes et institutions qui ne sont pas d’accord avec lui, et faire de ses réseaux sociaux un espace où seuls les applaudissements sont acceptés », a estimé Maria Laura Canineu, directrice de HRW au Brésil.

Ce geste « fait partie d’une stratégie […] visant à réduire au silence ou marginaliser ceux qui le critiquent », ajoute-t-elle.

Le président d’extrême droite est très actif sur les réseaux sociaux, qu’il utilise non seulement pour faire des annonces sur la politique gouvernementale mais aussi pour critiquer ses adversaires et interagir avec ses abonnés.  

Sur Twitter, il en a près de sept millions, sur Facebook – où il diffuse un direct le jeudi soir – 14 millions et sur Instagram 18,6 millions.

Interdire à ses détracteurs l’accès à ses publications pour y répondre ou les commenter, « les empêche de participer au débat public, viole la liberté d’expression et est discriminatoire », poursuit l’ONG.

L’impossibilité dans laquelle se trouvent des journalistes de poser des questions ou de demander des informations se heurte par ailleurs à la liberté de la presse, selon HRW.

HRW a mené son enquête en avril et juin. Les 176 comptes ont été bloqués après avoir publié des commentaires défavorables au gouvernement, ont indiqué leurs titulaires.

Sont concernés sur Twitter ou Instagram le site d’information The Intercept Brasil, le site sur le Parlement Congresso em Foco, la revue Antagonista, deux portails du grand site d’information UOL, et les ONG Reporters sans Frontières, Amnistie internationale ou HRW elle-même.  

Le site de référence du fact-checking Aos Fatos s’est également vu bloqué sur Twitter. Jair Bolsonaro s’est souvent plaint d’avoir vu certaines de ses publication éliminéses des réseaux pour avoir colporté des informations erronées ou mensongères.

Interrogé lors d’une conférence virtuelle par la presse internationale à ce sujet, le ministre de la Communication, Fabio Faria, a estimé mercredi que bloquer des abonnés relevait du droit individuel.

« Les réseaux sociaux du gouvernement sont une chose […] et la personne physique de Jair Bolsonaro en est une autre », a-t-il dit.