(Santiago du Chili) L’ancien prêtre Fernando Karadima, au centre d’un retentissant scandale de pédophilie au sein de l’Église catholique chilienne, est mort à 90 ans dans la nuit de dimanche à lundi, a appris l’AFP de sources concordantes.

Fernando Karadima est décédé des suites de « bronchopneumonie, insuffisance rénale, diabète et hypertension », selon son certificat de décès, auquel l’AFP a eu accès.

L’archevêché de Santiago n’a pas confirmé le décès, affirmant ne pas être concerné du fait que Fernando Karadima n’était plus prêtre.  

Le curé avait été défroqué à 88 ans en 2018 par le Vatican pour des agressions sexuelles perpétrées sur mineurs dans les années 1980 et 1990 dans une paroisse de Santiago.

Défroquer un prélat est considéré comme le châtiment le plus grave pour un ecclésiastique, déchu de tous ses droits et prérogatives de prêtre comme celui de dire la messe, y compris en privé.

Après la plainte de trois premières victimes en 2010, la justice chilienne avait déclaré l’affaire prescrite. Mais en 2019, elle a toutefois condamné l’Église chilienne à leur verser 450 000 dollars pour « préjudice moral ».  

Ces trois hommes, James Hamilton, José Andres Murillo et Juan Carlos Cruz, sont devenus les visages de la défense des victimes d’agressions sexuelles commises au sein de l’Église chilienne.  

« Fernando Karadima, un ancien prêtre catholique qui a abusé sexuellement et spirituellement de nombreuses personnes, dont nous, est décédé. Tout ce que nous avions à dire sur Karadima a été dit. Il n’était qu’un maillon de plus dans cette culture de la perversion et de la dissimulation dans l’Église », ont-ils réagi dans un communiqué.  

En avril 2011, l’Église chilienne avait demandé pardon pour toutes les agressions sexuelles d’enfants commises par des membres du clergé et pour son manque de réactivité.

L’affaire était cependant revenue au premier plan en 2015 avec la décision du pape François de nommer Mgr Juan Barros évêque d’Osorno (sud) alors qu’il était soupçonné d’avoir couvert les agissements de Fernando Karadima.

Depuis, le pape a accepté sept démissions, dont celle de Mgr Barros et de plusieurs évêques directement soupçonnés d’agressions sexuelles.

En 2019, en conséquence de cette affaire, une loi a été votée au Chili déclarant « imprescriptibles » les crimes sexuels commis sur mineurs.  

Selon des données officielles, jusqu’à 2019, plus de 200 membres de l’Église chilienne font ou ont fait l’objet d’enquête pour environ 150 affaires d’agressions sexuelles. Plus de 240 victimes ont été identifiées, dont 123 mineurs.  

L’Église catholique, jadis très puissante au Chili, a perdu de son influence depuis ces scandales.