(Brasilia) Plusieurs partis d’opposition ont déposé mercredi à la Chambre des députés du Brésil une « super demande de destitution » du président Jair Bolsonaro, en difficulté en raison d’accusations de corruption de son gouvernement dans l’achat de vaccins.

Cette nouvelle demande de destitution à peu de chances d’aboutir, selon les spécialistes, mais elle permet à l’opposition d’accentuer la pression politique sur le président Bolsonaro.

Destitution réclamée par le parti de Lula

Ce document, signé entre autres par le Parti des Travailleurs de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva et plusieurs dizaines de syndicats et associations, réunit des arguments déjà inclus dans plus de 120 demandes similaires déposées auparavant, citant une vingtaine de « crimes de responsabilité » imputés au chef de l’État.

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La requête en destitution est signée entre autres par le Parti des Travailleurs de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva et plusieurs dizaines de syndicats et associations.

Lui sont entre autres reprochés son déni face à l’ampleur de la pandémie qui a fait plus d’un demi-million de morts au Brésil, son discours anticonfinement ou les retards dans l’acquisition de vaccins.

Pour que la demande de destitution aboutisse, elle doit être soumise au vote des députés par le président de la chambre basse. Mais Arthur Lira, allié de Jair Bolsonaro, s’est refusé à le faire jusqu’à président.  

Et même si l’ouverture d’une procédure de destitution était soumise au vote, il faudrait deux tiers des voix pour qu’elle soit approuvée, ce qui semble improbable au vu des soutiens dont le dirigeant d’extrême droite dispose encore au Parlement.

« Je suis très sceptique face à cette nouvelle demande de destitution. Je ne vois pas de mouvement politique suffisant pour rompre le blindage dont Bolsonaro bénéficie au Parlement », explique à l’AFP Creomar de Souza, analyste politique du cabinet de consultants Dharma.

Des manifestations réclamant la destitution du président Bolsonaro ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les plus grandes villes brésiliennes ces dernières semaines et la cote du popularité du chef de l’État est au plus bas.

Les derniers sondages le donnent largement battu à la présidentielle de 2022 par l’ex-président de gauche Lula.

Le gouvernement Bolsonaro s’est retrouvé sous le feu des critiques avec l’instauration il y a deux mois d’une commission d’enquête parlementaire du Sénat (CPI) sur les « omissions » dans la gestion de la crise sanitaire.

Et le ton est monté la semaine dernière avec des accusations de corruption dans des négociations pour l’achat de vaccins qui n’ont finalement pas abouti.

Trois sénateurs ont demandé à la Cour suprême d’enquête d’ouvrir une enquête contre Jair Bolsonaro pour « prévarication ».

Ce dernier a été accusé devant la CPI de ne pas avoir pris les mesures nécessaires après avoir été alerté sur une facture suspecte pour l’achat de vaccins jugés surfacturés par un fonctionnaire du ministère de la Santé.