(Lima) Des centaines de militaires en retraite, soutien de la candidate de droite Keiko Fujimori, ont manifesté mardi à Lima pour dénoncer des « fraudes » présumées lors du second tour de la présidentielle au Pérou dont les résultats officiels ne sont toujours pas connus.

« Nous voulons la vérité, nous voulons que (l’autorité électorale) examine tous les recours qui ont été déposés », a déclaré le général en retraite Fernando Ordóñez, lors d’un rassemblement dans la capitale où les manifestants arboraient des drapeaux péruviens et des pancartes avec des slogans anticommunistes.

De nombreux anciens militaires avaient revêtu leur uniforme, portant parfois le béret ou le sabre, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Le communisme ne peut pas entrer dans ce pays. Nous sommes un pays riche où il y a des inégalités, nous devons travailler à les résoudre, mais pas de cette manière », a déclaré l’ancien capitaine de navire Jorge del Aguila.

Les manifestants ont repris à leur compte les accusations de fraudes lancées par la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, en ballotage défavorable au second tour de la présidentielle du 6 juin.

Satisfectit de Washington

Les États-Unis ont toutefois jugé « libres » ces élections, félicitant même les autorités péruviennes pour la façon avec laquelle elles ont organisé le deuxième tour de cette présidentielle.

« Ces élections récentes sont un modèle de démocratie dans la région. Nous soutenons le fait qu’il soit nécessaire de donner le temps aux autorités électorales pour analyser et publier les résultats en conformité avec la loi péruvienne », a déclaré le porte-parole du département d’État américain Ned Price, dans un communiqué.

L’ambassade américaine à Lima a enfoncé le clou en déclarant sur Twitter être prête à « travailler avec le nouveau gouvernement une fois que le JNE (l’autorité électorale) aura terminé son travail », soulignant une « longue et forte collaboration » bilatérale.

Après le dépouillement de 100 % des bulletins, le candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo, un instituteur et syndicaliste, est en tête du deuxième tour avec 50,12 % des suffrages, soit une avance d’environ 44 000 voix sur sa rivale (49,87 %).

Le Jury national électoral (JNE), qui doit proclamer les résultats, étudie encore les recours déposés par les candidats. Mme Fujimori a notamment demandé l’invalidation de plusieurs dizaines de milliers de suffrages.

À l’issue du vote, la mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains (OEA) avait toutefois qualifié le scrutin de « positif », sans « graves irrégularités ».

Mardi, la présidente du Conseil des ministres et numéro deux du gouvernement, Violeta Bermudez, a rappelé les conclusions de la mission de l’OEA et répété que le scrutin avait été transparent « sans indice de fraude ».

L’appel à manifester avait été lancé sur les réseaux sociaux après que le président péruvien par intérim, le centriste Francisco Sagasti, avait fermement condamné les appels lancés à l’armée par d’anciens militaires pour qu’elle empêche que Pedro Castillo soit proclamé président.

« Il est inacceptable […] que ce groupe d’individus en retraite de l’armée pense pouvoir inciter le haut commandement de l’armée de terre, de l’air et de la marine à rompre avec l’État de droit », avait déclaré M. Sagasti, qui n’était pas candidat à sa succession.

De nombreux officiers en retraite ont interprété cette déclaration comme un soutien voilé au candidat de la gauche radicale.