(Bogota) Le Comité national de grève, à l’initiative de la mobilisation sociale qui secoue la Colombie depuis fin avril, a annoncé mardi la suspension temporaire des manifestations jusqu’au 20 juillet.

« Nous allons suspendre temporairement les manifestations que nous menions tous les mercredis dans le pays », a annoncé à la radio locale Blu Radio, Francisco Maltés, un des porte-parole du Comité.  

Ce dernier, composé de syndicalistes, enseignants, mouvements indigènes, avait appelé à des manifestations dès le 28 avril pour exiger plus de justice sociale, mais la contestation a pris depuis une ampleur inédite, et le Comité ne représente pas tous les secteurs engagés dans la contestation.  

Le Comité a appelé à l’organisation d’un concert et d’une « grande mobilisation » le 20 juillet devant le Parlement « pour remettre des projets de loi » aux députés, a ajouté M. Maltés, qui est également à la tête de la Centrale unitaire des travailleurs.  

Début juin, le Comité national de grève a suspendu les pourparlers menés avec le gouvernement du président de droite Ivan Duque, sans qu’aucun accord n’ait été trouvé pour tenter de sortir de la crise qui secoue le pays de 50 millions d’habitants.  

La fronde sociale en faveur d’un État plus solidaire et d’une société moins inégalitaire se traduit depuis fin avril par des manifestations quasi quotidiennes d’importance diverse, des barrages routiers, affectant notamment le sud-ouest du pays, et de violents affrontements avec les forces de l’ordre.

Au moins 61 personnes sont mortes, dont deux policiers, depuis le début des manifestations, selon les autorités et la Défense du peuple, une entité publique chargée de veiller au respect des droits de l’homme.  

Selon le ministère de la Défense, près de 2500 personnes ont été blessées, civils et membres des forces de l’ordre.  

L’ONU, les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que des organisations de défense des droits de la personne ont dénoncé l’usage excessif de la force par la police depuis le début de la contestation.

Selon Human Rights Watch, il existe des « allégations crédibles » sur la mort de 34 personnes en lien direct avec les manifestations. Parmi elles, 20 sont mortes à la suite d’agissements de la police, dont 16 ont été touchées par balle avec l’intention de « tuer », estime l’ONG.

Au pouvoir depuis 2018, le président Duque quittera ses fonctions en 2022 et ne peut pas être réélu pour un second mandat.

« Nous espérons que le gouvernement va faire preuve de volonté politique » pour résoudre la crise, a ajouté M. Maltés.