(Guatemala) « La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison », mais le font parce qu’« ils ne peuvent pas satisfaire leurs besoins fondamentaux », a assuré lundi au Guatemala la vice-présidente américaine Kamala Harris, appelant le pays à collaborer pour s’attaquer aux causes de l’émigration irrégulière vers les États-Unis.

« Il est dans notre intérêt collectif que nous travaillions ensemble là où nous pouvons trouver la possibilité de résoudre des problèmes de longue date », a déclaré Mme Harris lors d’une table ronde avec le président guatémaltèque Alejandro Giammattei.

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Des manifestants tiennent une banderole indiquant « Kamala ! Ils te mentent ! Il y a la corruption, il y a les prisonniers politiques, il y a la sous-alimentation, il y a les crimes haineux, les féminicides, il y a l’exploitation des enfants, le chômage et la pauvreté. Le Guatemala est un narco-État. C’est pour ça que les gens émigrent ». La manifestation contre le gouvernement du président guatémaltèque Alejandro Giammattei a eu lieu à Guatemala le 7 juin 2021 devant l’ambassade des États-Unis, où se trouvait la vice-présidente Kamala Harris, qui est en visite officielle au Guatemala.

Selon la vice-présidente américaine, « la plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ne veulent pas quitter l’endroit où leur grand-mère a grandi, l’endroit où ils prient, l’endroit où ils parlent leur langue et où leur culture est familière ».

Ceux qui migrent sont « en train de fuir un danger ou parce qu’ils ne peuvent tout simplement pas satisfaire leurs besoins fondamentaux », a-t-elle ajouté, soulignant le besoin de donner « un sentiment d’espoir, que l’aide est en route » dans une région durement touchée par la COVID-19 et où la violence et la pauvreté ont été exacerbées en 2020 par le passage de deux ouragans.

« L’espoir n’existe pas en soi »

Or selon Mme Harris, « l’espoir n’existe pas en soi. Il doit être associé à des relations de confiance, il doit être associé à des résultats tangibles » afin de « convaincre les gens qu’il y a une raison d’espérer en leur avenir ».

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Le président guatémaltèque Alejandro Giammattei s’adressant aux médias lors d’une conférence de presse avec la vice-présidente américaine Kamala Harris au Palais national de la culture, à Guatemala, le 7 juin 2021.

Dans un pays où près de 60 % des 17 millions d’habitants vivent dans la pauvreté, M. Giammattei a souligné la « nécessité de construire des murs de prospérité, en particulier dans les départements proches de la frontière avec le Mexique », en créant des emplois.

La première tournée internationale de la vice-présidente américaine, chargée du dossier de l’immigration irrégulière, s’inscrit dans le cadre de la promesse du président démocrate Joe Biden d’adopter une politique migratoire plus « humaine » que celle de son prédécesseur républicain Donald Trump.

Elle a ensuite adressé un message aux candidats au voyage irrégulière : « Ne venez pas. Ne venez pas. Les États-Unis continueront à appliquer leurs lois et à sécuriser leurs frontières… Si vous venez à notre frontière, vous serez refoulés », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse commune.

Elle a également annoncé la création d’un groupe de travail commun sur la contrebande et la traite des êtres humains, la mise en place d’un programme visant à augmenter les possibilités économiques pour les femmes, ainsi qu’un groupe de travail anticorruption destiné à former les procureurs guatémaltèques à retracer l’itinéraire de l’argent de la corruption transnationale.

« Nous avons parlé de l’importance de lutter contre la corruption et d’avoir un système judiciaire indépendant », a souligné Mme Harris, annonçant par ailleurs l’envoi par les États-Unis de 500 000 doses de vaccins contre la COVID-19 au Guatemala.  

Le nombre de migrants sans papiers arrêtés à la frontière entre le Mexique et les États-Unis a atteint en avril son plus haut niveau depuis 15 ans.  

Parmi ces plus de 178 600 migrants, dont des mineurs arrivés seuls, 82 % venaient du Mexique et du « triangle nord » de l’Amérique centrale – Guatemala, Honduras et Salvador.

Mardi, la vice-présidente sera au Mexique pour rencontrer le président Andrés Manuel López Obrador.