(Valparaíso) Le président chilien Sebastian Piñera a annoncé mardi à la surprise générale qu’il allait donner un caractère d’urgence à l’examen par les deux chambres du Parlement du projet de loi en faveur du mariage pour tous, honni par une grande partie de sa coalition gouvernementale.

« Je pense que le temps est venu pour le mariage pour tous dans notre pays », a déclaré le président de droite dans son discours devant le Congrès réuni, le dernier de son mandat présidentiel qui s’achève en mars 2022.

M. Piñera a déclaré qu’il demanderait aux législateurs de traiter le projet de loi avec « urgence », un mécanisme qui permet d’accélérer le traitement des initiatives au Parlement.

« Ainsi, toutes les personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle, pourront vivre dans l’amour et former une famille, avec toute la protection et la dignité dont elles ont besoin et qu’elles méritent », a déclaré M. Piñera.

Le projet de loi sur le mariage pour tous était une initiative du gouvernement de la socialiste Michelle Bachelet (2014-2018). Depuis 2015, une « Union civile » légalise les unions de couples homosexuels, conférant les mêmes obligations et droits que le mariage, mais sans autoriser l’adoption.

Le sénateur de droite Francisco Chauan, « partisan de l’idée que le mariage est une institution entre un homme et une femme », a estimé que le rapport de force « n’est pas en faveur du parti au pouvoir » et attend « de voir comment se présente le texte du projet de loi ».  

Sebastian Piñera opère un revirement de position total après son refus catégorique du mariage pour tous exprimé en 2019.

En janvier 2020, trois mois après le début du soulèvement social d’octobre, le Sénat avait proposé de légiférer sur la question, mais il n’avait pu faire avancer l’initiative face à l’opposition farouche des partis conservateurs.

Cette annonce « est une étape importante pour la droite, un évènement historique qui brise les stigmates et les barrières de l’inégalité et des préjugés qui ont contaminé les secteurs les plus homo/transphobes du pays », a déclaré le Mouvement d’intégration et de libération homosexuelle dans un communiqué.