(Brasilia) L’ancien juge Sergio Moro a défendu mercredi son bilan au sein de l’opération anticorruption « Lavage express », au lendemain d’une décision de la Cour suprême l’ayant déclaré « partial » au moment de condamner l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva.

« Tous les accusés ont été traités avec respect, impartialité et sans aucune animosité de ma part », a déclaré l’ex-magistrat dans un communiqué.

« Malgré cette décision de la Cour suprême, je suis absolument serein quant à la pertinence de mes décisions, y compris celles qui concernent l’ex-président » Lula, a-t-il ajouté.

Sergio Moro était le juge responsable des procès en première instance dans le cadre de l’opération « Lavage express », enquête tentaculaire lancée en 2014 qui a dénoncé la corruption systématique dans l’attribution de marchés publics, liés notamment à la compagnie pétrolière d’État Petrobras.

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L’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, lors d’une conférence de presse le 10 mars dernier, peu après que sa condamnation en 2017 pour corruption ait été cassée par la Cour suprême du Brésil. Le 23 mars, ce tribunal a aussi jugé que le juge de l’époque, Sergio Moro, était partial.

Des dizaines de chefs d’entreprises et personnalités politiques de tous bords ont été mis sous les verrous.

Le juge Moro « partial », dit la Cour suprême

Mardi, la deuxième chambre de la Cour suprême a déclaré Sergio Moro « partial » par trois voix contre deux dans l’affaire pour laquelle Lula a purgé un an et demi de prison, d’avril 2018 à novembre 2019.

Cette décision a pour effet d’annuler totalement le procès dans lequel l’ancien syndicaliste était accusé d’avoir reçu un triplex en bord de mer pour favoriser une entreprise du bâtiment.

Le juge Moro l’avait condamné à 9 ans et 6 mois de réclusion, une peine alourdie à 12 ans et 1 mois en appel. Il a finalement été libéré après 18 mois de prison, sur décision de la Cour suprême.

Avant d’être incarcéré, il faisait figure de favori à la présidentielle de 2018 finalement remportée par le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro.

L’impartialité de Sergio Moro avait été mise en doute quand il avait accepté fin 2018 de devenir le ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro, même s’il a démissionné de ce poste en avril 2020, en dénonçant des ingérences du chef de l’État.

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L’ex-juge Sergio Moro, alors ministre de la Justice conversant avec le président Jair Bolsonaro à Brasilia, la capitale du Brésil, le 29 août 2019.

Collusion avec les procureurs

L’enquête « Lavage express » avait ensuite été encore discréditée par la révélation d’échanges de messages par le site The Intercept Brasil, montrant une collusion entre les procureurs et le juge Moro.

Le fait que le magistrat ait été déclaré « partial » est une nouvelle victoire pour Lula, qui avait déjà vu l’ensemble de ses condamnations annulées pour vice de forme par un juge de cette même Cour suprême il y a deux semaines.

L’ex-président de gauche (2003-2010) est ainsi redevenu éligible pour briguer un troisième mandat et affronter Jair Bolsonaro lors de la présidentielle de 2022.