(Santiago du Chili) La pandémie de COVID-19 a aggravé la pauvreté en Amérique latine, 22 millions de personnes ayant basculé dans la pauvreté qui touche désormais le tiers des quelque 650 millions d’habitants, selon un rapport de l’ONU estimant que l’inégalité est devenue « insoutenable ».

La pauvreté (moins de 5,50 $ par jour) et l’extrême pauvreté (moins de 1,90 $ par jour) ont ainsi atteint des niveaux qui n’avaient plus été observés respectivement depuis les 12 et 20 dernières années, a rapporté jeudi la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), basée à Santiago du Chili.

Un tiers de la population est pauvre

En raison de la forte récession économique dans la région qui entraînera une baisse de 7,7 % du produit intérieur brut (PIB), le taux de pauvreté touche 33,7 % de la population (209 millions de personnes) tandis que le taux d’extrême pauvreté s’élève à 12,5 % (78 millions de personnes, soit 8 millions de plus qu’en 2019).

La Cepalc précise que la pauvreté est plus importante dans les zones rurales, chez les enfants et adolescents, les peuples autochtones et afro-américains, ainsi que dans la population au faible niveau d’éducation.

Le taux de chômage régional a atteint 10,7 % fin 2020, soit une augmentation de 2,6 points de pourcentage par rapport en 2019 (8,1 %).

Selon l’étude, les niveaux de pauvreté et d’extrême pauvreté seraient encore plus importants en l’absence des mesures mises en œuvre par les gouvernements pour transférer des revenus d’urgence sociale à destination des ménages.

« La pandémie a exacerbé les principales lacunes structurelles de la région et nous nous trouvons dans une période d’incertitude accrue dans laquelle ni la manière de sortir de la crise ni la vitesse de ce processus ne sont encore connues », a affirmé la secrétaire générale de cette commission régionale des Nations unies, Alicia Bárcena.

Il ne fait aucun doute que les coûts de l’inégalité sont devenus insoutenables et qu’il est nécessaire » de « créer un véritable État-providence, un objectif longtemps reporté dans la région.

Alicia Bárcena, secrétaire générale de la Cepalc

La Cepalc appelle les pays d’Amérique latine à s’orienter vers la création d’un revenu de base universel, en donnant la priorité aux familles avec enfants et adolescents, et à se rallier à des systèmes de protection sociale universels.

« L’appel de la Cepalc en faveur d’un nouveau pacte social est plus pertinent que jamais : la pandémie est un moment critique qui redéfinit ce qui est possible, et elle ouvre une fenêtre d’opportunité pour laisser derrière soi la culture des privilèges », a souligné la représentante des Nations unies.