(La Paz) Le socialiste Luis Arce sera le prochain président de la Bolivie, après sa large victoire à la présidentielle dimanche, tandis que son mentor, l’ex-président Evo Morales, a annoncé depuis l’Argentine son retour « tôt ou tard » dans le pays.  

M. Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti fondé par Evo Morales, a remporté dimanche l’élection présidentielle en Bolivie dès le premier tour avec plus de 52 % des voix, selon plusieurs sondages de sortie des urnes.  

Alors que les résultats officiels, dont le décompte avance très lentement, n’étaient toujours pas connus lundi à la mi-journée, le principal rival de M. Arce, l’ancien président centriste Carlos Mesa (2003-2005), a reconnu la « large » victoire de son adversaire.

« Le résultat est […] très clair », a déclaré M. Mesa, à propos de sondages de sortie des urnes qui donnent à Luis Arce une avance d’environ 20 points. « Il nous appartient, comme il convient à ceux d’entre nous qui croient en la démocratie […] de reconnaître qu’il y a eu un gagnant dans cette élection », a-t-il ajouté.

La présidente par intérim, la conservatrice Jeanine Añez, farouche opposante du candidat du MAS, avait déjà reconnu dimanche soir sa victoire.

À l’annonce de son triomphe, Luis Arce avait estimé que la Bolivie avait « renoué avec la démocratie ». « Nous avons retrouvé l’espoir », a ajouté le futur président.

Pour la première fois depuis 20 ans, Evo Morales, emblématique dirigeant de la gauche sud-américaine, n’était pas candidat à la présidence lors du scrutin de dimanche.

PHOTO JUAN MABROMATA, AGENCE FRANCE-PRESSE

L'ex-président Evo Morales a donné une conférence de presse à Buenos Aires, en Argentine, lundi.

L’ancien chef de l’État (2006-2019), premier président indigène du pays, avait démissionné en novembre 2019, accusé de fraude électorale par l’opposition, avant de fuir au Mexique puis en Argentine.  

Lors du précédent scrutin présidentiel d’octobre 2019, où il briguait un quatrième mandat, le dépouillement avait été suspendu pendant plus de 20 heures. À sa reprise, Evo Morales avait été déclaré vainqueur dès le premier tour.

L’opposition avait alors crié à la fraude et des heurts avaient eu lieu dans le pays entre partisans et détracteurs du chef de l’État. Lâché par la police et l’armée, ce dernier avait finalement démissionné.  

 « Dans ma région » 

Dès le lendemain de la victoire de M. Arce, Evo Morales a annoncé qu’il rentrerait rapidement dans son pays.  

« Tôt ou tard, nous allons rentrer en Bolivie, il n’y a pas de discussion là-dessus. Mon grand souhait est de retourner en Bolivie, dans ma région. C’est une question de temps », a déclaré M. Morales lors d’une conférence de presse à Buenos Aires où il réside.

Après un an d’une grave crise postélectorale qui a fait 36 morts, le scrutin s’est déroulé dans le calme, alors que nombreux Boliviens craignaient une répétition des violences postélectorales qui avaient fait 36 morts l’an dernier.  

Luis Arce « était un grand ministre, maintenant qu’il est président, l’économie va être florissante. Nous allons avoir cinq ans de richesse », s’est félicitée lundi auprès de l’AFP Ada Mary Medrano, étudiante de 18 ans.

Selon un sondage diffusé par la chaîne privée Unitel, Luis Arce obtient 52,4 % des voix, contre 31,5 % pour Carlos Mesa. Un autre sondage de la Fondation catholique Jubileo crédite le socialiste de 53 % des suffrages, contre 30,8 % pour son rival.

La victoire du dauphin d’Evo Morales a été saluée lundi par plusieurs dirigeants de gauche sud-américains.

Le président du Venezuela Nicolas Maduro a « félicité le peuple frère de Bolivie à l’occasion du large et indiscutable triomphe du Mouvement vers le socialisme (MAS) » et de l’« éclatante victoire » de Luis Arce, a indiqué le ministère vénézuélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

« La leçon qu’a donnée le peuple bolivien pour défendre son autodétermination et sa démocratie va se poursuivre sur le continent », a déclaré Marcelo Ebrard, le ministre mexicain des Affaires étrangères du gouvernement du président Andres Manuel Lopez Obrador.

Cela « n’est pas seulement une bonne nouvelle pour ceux d’entre nous qui défendent la démocratie en Amérique latine ; c’est aussi un acte de justice face à l’agression subie par le peuple bolivien », a écrit le président argentin de centre gauche, Alberto Fernandez, sur Twitter.