(Rio de Janeiro) Le Brésil a enregistré mercredi une explosion des nouvelles contaminations du coronavirus, avec 67 860 cas enregistrés au cours des dernières 24 heures, a annoncé le ministère de la Santé, un chiffre record.

Au total, ce sont plus de 2,23 millions de personnes qui ont été infectées par la COVID-19 dans le plus grand pays d’Amérique latine.

Cinq mois après la détection du premier cas, le pays où le nouveau coronavirus est le plus meurtrier après les États-Unis déplorait au total 82 771 décès mercredi, après une hausse quotidienne importante – 1284 morts – selon les données du ministère.

Le dernier record de nouveaux cas quotidiens de contaminations dans ce pays de 212 millions d’habitants remontait au 19 juin (54 771) et l’explosion annoncée mercredi apparaît surprenante.

Vendredi dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait affirmé que la pandémie avait atteint un plateau au Brésil, et avait appelé les autorités à saisir cette « opportunité pour repousser la maladie ».

Les chiffres officiels brésiliens sont considérés comme largement inférieurs à la réalité par la communauté scientifique, en raison de l’absence de tests de masse dans ce pays dont le président, Jair Bolsonaro, a lui aussi été contaminé, ainsi que plusieurs membres de son gouvernement.  

Farouche détracteur du confinement, M. Bolsonaro, 65 ans, se trouve en quarantaine prolongée après un troisième test positif mardi, deux semaines après l’annonce de sa contamination.

Forte progression des courbes

La courbe de la pandémie est donc loin d’être contrôlée au Brésil, où la moyenne des décès sur sept jours glissants demeure supérieure à 1000 depuis plus d’un mois, avec de grandes disparités régionales.

Le pays-continent compte quasiment autant de pandémies que ses 27 États fédérés : les courbes progressent fortement dans les zones touchées plus récemment, notamment le Sud et le Centre-Ouest, tandis qu’on assiste à une stabilisation ou à une décrue ailleurs, comme à Sao Paulo ou Rio, affectées en premier.

Mais l’État de Sao Paulo, le plus peuplé et riche du pays, compte à lui seul un quart des décès du pays, avec 20 532 morts, et près de 440 000 contaminations.

Celui de Rio de Janeiro est le deuxième pour le bilan des décès, avec 12 443 morts, pour plus de 148 000 cas.

Ces deux États ont amorcé le déconfinement il y a plusieurs semaines, mais d’une manière précipitée selon de nombreux scientifiques.

Il a manqué au Brésil, selon les experts, une politique de lutte nationale contre la pandémie, longtemps qualifiée de « petite grippe » par le président Bolsonaro, qui s’en est pris aux gouverneurs proconfinement, au nom de la sauvegarde de la première économie d’Amérique latine.

Contaminé à son tour, et sans surprise vu son mépris de la distanciation physique et sa résistance au port du masque, il affiche une foi inébranlable dans l’hydroxychloroquine.  

Jair Bolsonaro se traite avec cette molécule dont les bienfaits n’ont pas été prouvés scientifiquement, mais qui peut entraîner des problèmes cardiaques. Il subirait deux électrocardiogrammes par jour.

Dimanche, il a brandi une boîte de ce médicament devant ses partisans à la sortie du palais présidentiel d’Alvorada, à Brasilia.

« Cela revient clairement à leurrer la population », a estimé auprès de l’AFP Margareth Dalcomo, pneumologue de l’institut de référence Fiocruz.