(Bogota) Les habitants de Bogota, principal foyer de la pandémie de coronavirus en Colombie, ont été autorisés jeudi à reprendre leurs activités après plus de cinq mois de confinement, une mesure qui vise avant tout à relancer le commerce dans la capitale.  

Des milliers de personnes ont ainsi rouvert leurs magasins ou sont retournées dans la rue pour reprendre leurs activités de vente informelle.

Malgré une circulation toujours forte du virus dans la capitale de huit millions d’habitants, qui concentre 35 % des contaminations, la mairie, en collaboration avec le gouvernement, a décidé d’assouplir les restrictions dans la quasi-totalité des domaines, en se basant notamment sur l’utilisation généralisée du masque dans l’espace public.  

Les Colombiens vont devoir s’adapter à un « modèle de nouvelle réalité », a insisté la maire, Claudia Lopez.  

Un confinement général de la population avait été instauré le 25 mars dans ce pays de 50 millions d’habitants et prolongé plusieurs fois. Mais le président de droite Ivan Duque avait déjà assoupli les mesures pour certains secteurs afin d’en atténuer les effets sur l’économie.

Jeudi, les rues de Bogota étaient à nouveau fréquentées et les embouteillages ont refait leur apparition.  

Dans le reste du pays, les assouplissements interviendront à partir du 1er septembre.  

Les écoles vont toutefois rester fermées jusqu’en octobre. Les vols domestiques ne reprendront qu’en septembre et les liaisons internationales demeurent suspendues. Les grands rassemblements sont toujours interdits.  

La Colombie a enregistré près de 600 000 cas confirmés de COVID-19 et plus de 18 000 morts depuis l’apparition d’un premier cas le 6 mars.  

À San Victorino, en plein centre-ville de Bogota, les commerçants croisent les doigts pour une reprise rapide. Mais « aujourd’hui, il y a plus de vendeurs que de public », constate Sandra Parra, 42 ans, propriétaire d’un magasin de vêtements qui a dû licencier 12 de ses 36 employés.

À l’extérieur, Concepcion Avila, 70 ans, a rouvert son petit stand de vente de bonbons et de cigarettes.   En pleine épidémie, elle a perdu son mari Alfredo, 68 ans. « Il est mort pendant le confinement à cause du désespoir de […] penser qu’on pourrait nous expulser de notre maison du jour au lendemain » faute de pouvoir payer le loyer, explique-t-elle.  

La pandémie a déjà entraîné la destruction de cinq millions d’emplois dans la quatrième économie d’Amérique latine.