(Managua) Des associations de médecins du Nicaragua ont dénoncé vendredi le « culte du secret » du gouvernement du président Ortega, qui a licencié un infectiologue reconnu pour avoir critiqué l’absence de mesures contre la propagation de la maladie.

Le licenciement du Dr Carlos Quant, qui travaillait depuis 20 ans pour l’hôpital public, « met en évidence le manque total de respect pour les droits de l’homme et les droits sociaux du personnel de santé », dénoncent dans un communiqué 23 associations de médecins nicaraguayens.

Les professionnels de la santé sont soumis à une « politique injuste du secret et de manipulation de l’information » sur l’épidémie de COVID-19, déplorent ces organisations.

Pour les associations de médecins, le licenciement du Dr Quant, « l’un des professionnels de plus grande réputation scientifique et académique » du Nicaragua, a pour but de dissuader le personnel de santé d’informer sur la menace que fait peser le nouveau coronavirus sur la population.

Les associations signataires dénoncent en outre l’absence de mesures adéquates de protection pour les soins aux patients infectés. Beaucoup de soignants doivent acheter eux-mêmes du matériel de protection ou en improviser avec du plastique, selon le communiqué.

Selon les statistiques officielles, 1118 personnes ont été contaminées, dont 46 sont décédées entre le 18 mars et le 2 juin.

Cependant, l’ONG Observatorio Ciudadano (Observatoire citoyen), qui s’appuie sur les remontées de la société civile, d’un collectif de médecin et des acteurs des réseaux sociaux, a comptabilisé 4217 cas de contaminations et « 980 décès par pneumonie ou cas suspects de COVID-19 » jusqu’au 30 mai.  

Le Nicaragua est le seul pays d’Amérique centrale qui n’a ni adopté de mesures de confinement, ni fermé ses frontières, ni suspendu l’école en raison de la pandémie. Au contraire, le gouvernement du socialiste Daniel Ortega, fortement contesté depuis l’éclatement d’une crise politique en 2018, a encouragé les rassemblements et manifestations.

L’épidémie est en phase ascendante au Nicaragua, selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Il sera « difficile » de contenir la propagation du coronavirus si des mesures de confinement ne sont pas prises, a averti l’OPS cette semaine.

Les associations de médecins ont appelé lundi les Nicaraguayens à observer une quarantaine « volontaire », mais cet appel a été peu suivi car une grande partie de la population tire ses revenus d’activités informelles.

Le gouvernement du Nicaragua s’est contenté d’engager dans les médias officiels en avril une timide campagne de prévention.