(La Paz) Le gouvernement par intérim bolivien a accusé vendredi l’ex-président Evo Morales, en exil au Mexique, de « sédition et de terrorisme », pour avoir incité ses partisans à mettre en place des blocages autour de La Paz dans un enregistrement diffusé par les autorités.

« Nous demandons la peine maximale pour sédition et terrorisme », a déclaré le ministre de l’Intérieur Arturo Murillo à des médias à la sortie du parquet, où il venait de déposer plainte.

Dans la matinée de mercredi, le ministre de l’Intérieur avait diffusé devant la presse l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il a présentée comme étant celle d’Evo Morales s’adressant à un leader du mouvement de protestation.  

« Ne laissez aucune denrée alimentaire dans les villes, nous allons tout bloquer et encercler » les villes, dit la voix que M. Murillo attribue à l’ancien président qui risque désormais 30 ans de prison, s’il est reconnu coupable.

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Evo Morales mercredi à Mexico.

Cet ordre, a poursuivi le ministre, « est un crime contre l’humanité ». « Dans les prochaines heures, nous allons porter plainte devant les instances internationales », a-t-il averti.

Depuis son exil mexicain, l’ancien chef de l’État avait dénoncé la veille un « montage » sur Twitter.

Une pénurie d’aliments se fait sentir dans les magasins et les restaurants de La Paz en raison des blocages de routes qui mènent aux régions agricoles de la Bolivie, dans le centre et l’est du pays.

Evo Morales, 60 ans et premier président indigène de Bolivie, a démissionné le 10 novembre sous la pression de manifestations de l’opposition et après avoir été lâché par l’armée. Il est ensuite parti en exil au Mexique.

Depuis la démission d’Evo Morales, ses partisans manifestent quotidiennement dans les rues de La Paz et dans certaines villes de province.  

De son côté, la présidente par intérim Jeanine Añez a demandé vendredi à ses opposants de la « laisser gouverner », a-t-elle déclaré aux médias.  

« Ceci est un gouvernement strictement provisoire et qui a pour objectif de pacifier le pays et de convoquer des élections libres et transparentes dans les plus brefs délais », a ajouté la dirigeante lors d’une cérémonie devant le corps diplomatique.  

En tout, 32 personnes sont décédées au cours de la crise que vit la Bolivie depuis un mois, dont 17 au moins ont péri dans des heurts avec les agents de l’État.

Pendant ce temps, le Parlement bolivien poursuivait l’examen de deux projets de loi visant à organiser de nouvelles élections présidentielles et législatives, après le scrutin présidentiel du 20 octobre.

L’un émane de la présidente par intérim et l’autre du parti d’Evo Morales, le Mouvement vers le socialisme (MAS), actuellement majoritaire dans les deux chambres.

Outre l’annulation de la présidentielle, ils doivent permettre la mise en place d’un nouveau Tribunal suprême électoral (TSE) chargé de définir une date pour le nouveau scrutin.

Mme Añez, sénatrice de droite de 52 ans, conserve la possibilité de publier un décret présidentiel pour convoquer des élections si opposition et majorité n’arrivent pas à s’entendre.