(Brasilia) Le président brésilien Jair Bolsonaro, un ex-capitaine dans l'armée n’ayant jamais caché son admiration pour la dictature militaire (1964-1985), a multiplié récemment les déclarations fracassantes, remettant notamment en cause des documents officiels qui évoquent la disparition d’opposants pendant cette période.

«Cette histoire de 1964, s’il y a des documents montrant qui a tué ou n’a pas tué, c’est des bêtises», a déclaré mardi le président à des journalistes à Brasilia.

Il s’en est pris à la Commission nationale de la vérité, dont un rapport publié en 2014 fait état de 434 assassinats perpétrés par le régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et les cas de torture d’opposants.

«Vous y croyez, vous, à la Commission de la vérité? Elle était composée de sept personnes, nommées par qui? Par (l’ex-présidente de gauche) Dilma Rousseff», a-t-il lancé.

Dilma Rousseff (2011-2016), ex-guérillera torturée par des militaires, a été destituée pour maquillage des comptes publiques.

Lors de la séance du Parlement ayant ouvert la voie à cette destitution, en 2016, M. Bolsonaro, alors député, avait dédié son vote au chef du renseignement durant la dictature, accusé d’au moins six assassinats sous la torture.

Lundi, le président d’extrême droite avait déjà déclenché une vive polémique en remettant en cause la version officielle de la disparition sous la dictature du père de l’actuel président de l’Ordre des avocats du Brésil (OAB).

«Si un jour il veut savoir comment son père a disparu durant le régime militaire, je lui raconte, mais il ne va pas vouloir entendre la vérité», avait affirmé le chef de l’État.

D’après les documents de la Commission de la vérité, la personne en question, Fernando Santa Cruz, étudiant et militant de gauche, a disparu à l’âge de 26 ans en 1974, après avoir été arrêté par les services de renseignement du gouvernement à Rio de Janeiro.

M. Bolsonaro a insinué qu’il avait été tué par un groupe armé de gauche. «Ce ne sont pas des militaires qui l’ont tué. C’est facile d’accuser  sans cesse les militaires», a-t-il déclaré.

Mardi, un des 11 juges de la Cour suprême a estimé, dans un entretien au site d’informations Uol, que le président devrait être «bâillonné» pour éviter de tels dérapages.

Les critiques ont même fusé depuis son propre camp. Joao Doria, gouverneur de droite de l’État de Sao Paulo, a considéré ses propos sur la dictature «inacceptables», rappelant que son père avait été destitué de son mandat de député puis exilé durant le régime militaire.