(Bogota) La Colombie a demandé vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU de superviser une année de plus le processus de paix, fragilisé par l’assassinat de dizaines d’ex-guérilleros des FARC et le non-respect de points de l’accord de 2016.

Le président Ivan Duque, qui a échoué à modifier par voie législative certaines dispositions de l’accord de paix ayant permis le désarmement de quelque 7000 anciens rebelles, a formulé cette demande auprès des ambassadeurs du Conseil en visite en Colombie.

« J’ai remis au président du Conseil de sécurité la lettre qui ratifie que nous souhaitons l’accompagnement pour une année supplémentaire de la mission » de l’ONU, a-t-il indiqué lors d’une déclaration à la presse au ministère des Affaires étrangères.

Soutenu par l’ONU, l’accord signé fin novembre 2016 avec les ex-Forces révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) a contribué à réduire la violence. Mais le pays reste politiquement polarisé sur le processus, et sa sécurité menacée par des groupes armés, financés essentiellement par le trafic de drogue.

Élu l’an dernier avec l’appui de la droite dure, critique envers l’accord de 2016, Ivan Duque s’était engagé à modifier l’accord, qu’il juge trop laxiste envers les ex-guérilleros coupables de crimes graves.

De son côté, le parti Force alternative révolutionnaire commune (FARC), formé par l’ex-guérilla, dénonce des retards dans l’application de l’accord, ainsi que le manque de garanties juridiques et de sécurité pour ses membres. Il fait état de l’assassinat de 140 ex-guérilleros et de 31 de leurs proches depuis la signature du texte, qui a mis fin à 52 ans de rébellion armée.

Le processus est aussi fragilisé par la décision d’anciens commandants guérilleros de s’en distancier, dont les ex-négociateurs des FARC, Ivan Marquez et Jesus Santrich, ce dernier recherché pour trafic présumé de cocaïne.  

Le président du Conseil de sécurité, le Péruvien Gustavo Meza, a reconnu les défis de la mise en application de l’accord signé par l’ex-président centriste Juan Manuel Santos (2010-2018), mais a assuré Ivan Duque du soutien des Nations unies.  

« Le processus de paix en Colombie […] reste un exemple non seulement pour l’Amérique latine, mais pour toute la communauté internationale et en ce sens, nous avons réitéré au président notre engagement à continuer de soutenir sa mise en œuvre », a déclaré le diplomate.

Outre l’assassinat d’ex-guérilleros, la Colombie est confrontée à une campagne contre les défenseurs des droits de l’homme et leaders communautaires, dont 462 ont été tués depuis 2016, nombre d’entre eux dans d’anciens fiefs FARC, selon le Défenseur du peuple, entité chargée de la protection des droits.

M. Duque a déclaré avoir abordé ces problèmes avec les ambassadeurs de l’ONU, attribuant cette vague de violences à des groupes armés, tels que l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla du pays, et le Clan del Golfo, principal gang de narcotrafiquants.