(Brasilia) Le président brésilien Jair Bolsonaro a cédé face aux critiques et modifié mercredi certains points de son décret sur les armes à feu, interdisant notamment le port de fusil d’assaut aux civils, autorisé dans la version précédente.

Le gouvernement a annoncé dans un communiqué que la nouvelle version interdisait «la concession du port d’armes à feu portatives (fusils d’assaut et carabines)» pour les «citoyens communs».  

Seuls les propriétaires ruraux auront le droit d’acquérir ce type d’armes, à condition de les garder dans leur domicile.

Le port d’armes pour les «citoyens communs» ne concerne désormais que les armes de poing.

Le gouvernement a admis que ces modifications avaient été faites «à partir de remises en cause de la justice, du pouvoir législatif et de la société en général».

Le décret controversé du 7 mai a élargi le port d’armes à une vingtaine de catégories de professions ou personnes, qui n’auront plus à prouver la nécessité d’avoir une arme.

Des millions de Brésiliens peuvent à présent y prétendre, notamment les élus, chauffeurs de poids lourds, chasseurs, avocats et même certains journalistes.

Lundi, le fabricant d’armes brésilien Taurus a annoncé avoir reçu 2000 commandes de fusils d’assaut depuis la publication du décret.

Selon l’entreprise, le texte, en modifiant la puissance de feu maximale autorisée pour l’acquisition et le port d’armes, rendait possible la vente libre de son fusil d’assaut T4.

Le cours des actions de Taurus à la Bourse de Sao Paulo, qui avait bondi de 7,6 % mardi à la clôture, enregistrait une baisse de plus de 4 % mercredi en fin de matinée, après l’annonce des modifications du décret.

La Cour suprême doit déterminer prochainement si le décret est constitutionnel ou non, après que le parti d’opposition Rede (centre gauche) a déposé un recours dénonçant un «abus de pouvoir».

Pour ce parti, le texte est «contraire à l’esprit» du Statut du désarmement, loi approuvée par le Congrès en 2003 et dont le contenu ne pourrait être modifiée que par un autre texte de loi, et non par un décret.

Mardi, les gouverneurs de 14 des 27 États du Brésil ont publié une lettre ouverte critiquant le décret, qui «ne contribue pas à rendre plus sûrs» leurs États.

En janvier, peu après sa prise de fonction, le président avait déjà signé un premier décret qui avait assoupli les conditions régissant la détention d’armes, tenant ainsi l’une de ses principales promesses de campagne.

Dans un rapport, Amnistie Internationale s’est inquiétée du fait que ces décrets «peuvent contribuer à l’augmentation du nombre d’homicides» dans un pays qui est déjà l’un des plus violents au monde, avec près de 64 000 personnes tuées en 2017.