(Brasilia) Fortement critiqué pour avoir déclaré qu’on pouvait «pardonner, mais pas oublier» les crimes de la Shoah, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a expliqué dans une lettre envoyée aux autorités israéliennes qu’il avait été mal interprété.

«Nous pouvons pardonner, pas oublier. Celui qui oublie son passé est condamné à ne pas avoir d’avenir», avait déclaré le chef de l’État brésilien jeudi lors d’une rencontre avec des pasteurs évangéliques à Rio de Janeiro, évoquant sa visite du Centre de mémoire de l’holocauste Yad Vashem de Jérusalem, le 2 avril.

Le président israélien Reuven Rivlin a exprimé son indignation samedi sur Twitter, sans toutefois citer M. Bolsonaro.

«Nous nous opposerons toujours à ceux qui nient la vérité ou souhaitent effacer notre mémoire, qu’il s’agisse d’individus, de groupes, de chefs de partis ou de premiers ministres. Nous ne pardonnerons ni n’oublierons jamais», a-t-il affirmé.

Le Centre de mémoire de l’holocauste Yad Vashem a pour sa part expliqué dans un communiqué que «personne ne peut déterminer si les crimes haineux de l’holocauste peuvent être pardonnés».

Dans sa lettre envoyée ce week-end aux autorités israéliennes, Jair Bolsonaro a réitéré avoir écrit sur le livre de ce Centre de mémoire la phrase «Celui qui oublie son passé est condamné à ne pas avoir d’avenir».

«Toute autre interprétation n’intéresse que ceux qui veulent m’éloigner de mes amis juifs», a-t-il écrit dans cette missive.

«Le pardon est une chose personnelle et ne s’inscrit pas dans un contexte historique comme celui de l’holocauste, où des millions d’innocents ont été assassinés lors d’un cruel génocide», a-t-il conclu.

Peu après avoir visité Yad Vashem lors de sa visite officielle en Israel, Jair Bolsonaro avait déjà défrayé la chronique en considérant que le nazisme était un mouvement de gauche, en raison du terme «socialiste» dans la dénomination du parti national-socialiste allemand.

Le président brésilien, qui a pris ses fonctions en janvier, a manifesté dès sa campagne électorale son intention de nouer des liens plus étroits avec Israël.  

À Jérusalem, il a créé un précédent diplomatique le 1er avril, en devenant le premier chef d’État étranger à se rendre au Mur des Lamentations en compagnie d’un premier ministre israélien.

Durant sa campagne électorale, Jair Bolsonaro avait également promis de transférer l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jerusalem,  comme l’a fait son homologue américain Donald Trump.

Mais il a préféré annoncer lors de sa visite l’ouverture d’un bureau diplomatique dans la ville sainte, pour éviter de froisser les pays de confession musulmane, le Brésil était le premier exportateur mondial de viande halal.