(Madrid) L’ex-général vénézuélien Hugo Carvajal, ancien directeur des services secrets militaires sous la présidence de Hugo Chavez, a été arrêté vendredi à Madrid à la demande des États-Unis, qui le réclament pour trafic de drogue, ont déclaré à l’AFP des sources policières.

Selon ces sources, l’officier-surnommé « El Pollo » (« le poulet ») au Venezuela-a été arrêté par la police espagnole vers 15 h 30 (9 h 30, HE), chez son fils à Madrid.

Son interpellation est liée à son inculpation pour avoir importé de la cocaïne aux États-Unis, notamment un chargement de 5,6 tonnes transportées du Venezuela au Mexique en avril 2006, a expliqué le procureur de Manhattan, Geoffrey Berman, dans un communiqué.

« Quels que soient le rang ou le niveau d’influence d’un individu, nous continuerons à rechercher et traduire devant un tribunal américain ceux qui amènent des drogues mortifères dans ce pays », a avancé M. Berman.

S’il est extradé aux États-Unis et reconnu coupable, M. Carvajal risque entre dix ans de prison et la réclusion à perpétuité, a également précisé le procureur.

« Malgré son statut d’ex-fonctionnaire gouvernemental au Venezuela, Carvajal n’est pas au-dessus de la loi », s’est félicité Christopher Tersigni, agent spécial de la DEA (agence antidrogue américaine), en réaction à cette arrestation.

Soutien de Guaidó

En juillet 2014, Hugo Carvajal, alors consul sur l’île néerlandaise d’Aruba au large du Venezuela, avait déjà été arrêté à la demande des États-Unis. Mais il avait été libéré quatre jours plus tard, en faisant valoir son immunité diplomatique, et avait pu rentrer au Venezuela.

Aux États-Unis, Carvajal avait fait l’objet dès 2008 d’un signalement du Trésor public, qui le soupçonnait d’« assistance matérielle aux activités du trafic de drogues des Forces armées révolutionnaires de Colombie », la guérilla des FARC aujourd’hui dissoute.

En mai 2013, le parquet du tribunal de Floride (sud-est des États-Unis) l’avait accusé d’avoir travaillé entre 2004 et 2010 pour une organisation de narcotrafiquants colombiens.

Récemment, l’ancien directeur des services secrets sous la présidence de Hugo Chavez (1999-2013) s’est mis à dénoncer « la réalité désastreuse » du Venezuela après six ans de présidence de Nicolas Maduro.

Le 21 février, Hugo Carvajal avait ainsi posté sur son compte Twitter une vidéo dans laquelle il reconnaissait l’opposant Juan Guaidó comme président du Venezuela.

Dans cette vidéo, le général lisait une déclaration pour inciter les dirigeants de l’armée à cesser de soutenir Nicolas Maduro. « Comment tout cela va se terminer dépend de vous, frères d’armes », avait-il écrit, en appelant les militaires à se placer du « bon côté de l’histoire ».

En réponse, Nicolas Maduro l’avait limogé de l’armée et déchu de son grade de général. Hugo Carvajal avait en outre été accusé d’« actes de trahison à la patrie ».