WikiLeaks accuse les autorités équatoriennes d'avoir rassemblé des milliers de photographies et de vidéos de son fondateur Julian Assange prises dans l'ambassade d'Équateur à Londres, où il vit depuis 2012.

Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef du site spécialisé dans la révélation de documents secrets, a affirmé que ces images étaient parvenues à un groupe en Espagne qui a demandé 3 millions de dollars US pour ne pas les diffuser.

«Nous avons appris que des personnes en Espagne prétendaient posséder une quantité énorme de documents venant de l'intérieur de l'ambassade», a déclaré M. Hrafnsson à des journalistes à Londres. «Je leur ai demandé quels documents ils avaient et j'ai reçu un courriel en retour», a-t-il ajouté, précisant qu'il s'était vu répondre : «Ce matériel a un prix».

Ces documents comprendraient des milliers de photographies et des séquences vidéo montrant Julian Assange en train de rencontrer des avocats et des visiteurs et de passer un examen médical, selon WikiLeaks.

Dénonçant un «chantage», M. Hrafnsson a déclaré que la police espagnole avait ouvert une enquête. «Ce qui est beaucoup plus préoccupant c'est cette collecte de matériel et cet espionnage par le gouvernement équatorien», a-t-il déclaré, qualifiant cela d'«illégal et contraire à l'éthique».  

«Depuis que (le président Lenin) Moreno a pris le pouvoir en Équateur, Julian Assange vit dans une situation semblable à celle du Truman Show», film dans lequel tous les faits et gestes d'un homme sont filmés à son insu, a-t-il affirmé. 

Depuis octobre, Quito a limité les visites et communications d'Assange, estimant qu'il s'ingère dans les affaires intérieures de l'Équateur et d'autres pays.

WikiLeaks pense que les États-Unis travaillent avec l'Équateur pour extrader Assange, et que les documents de l'ambassade ont été «probablement partagés avec l'administration Trump».

Assange s'est réfugié dans l'ambassade pour éviter d'être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol, un dossier depuis classé. L'Australien de 47 ans reste sous le coup d'un mandat d'arrêt britannique pour violation de ses conditions de liberté surveillée. Il craint, en cas d'arrestation, d'être extradé vers les États-Unis pour la publication en 2010 sur son site de milliers de documents confidentiels du département d'État et du Pentagone.

REUTERS

Kristinn Hrafnsson lors d'une conférence de presse à Londres, mercredi.