Un général de division de l'armée de l'Air vénézuélienne a annoncé samedi qu'il ne reconnaissait plus « l'autorité dictatoriale » de Nicolas Maduro et faisait allégeance au président autoproclamé Juan Guaidó, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, la foule a pris d'assaut les rues de la capitale, Caracas.

Sur son compte Twitter, l'armée de l'Air a immédiatement posté une photo de ce général, Francisco Yanez, barrée en rouge du mot « Traître ».

« Je vous informe que je ne reconnais pas l'autorité dictatoriale de Nicolas Maduro et que je reconnais le député Juan Guaidó comme président du Venezuela », affirme l'officier, qui apparaît en uniforme sur la vidéo et s'exprime depuis un lieu non divulgué.

Il se présente comme directeur de la planification stratégique du haut commandement de l'Armée de l'Air et affirme que « 90 % des forces armées (..) ne soutiennent pas le dictateur mais le peuple du Venezuela ».

Ce ralliement est intervenu peu avant le début d'une nouvelle manifestation de l'opposition à Caracas pour exiger le départ de Nicolas Maduro. De leur côté, les partisans de Maduro défilent dans le centre-ville de la capitale à l'occasion du 20e anniversaire de la révolution bolivarienne.  

Estimant que « la transition vers la démocratie est imminente », le général Yanes affirme que « continuer à ordonner aux forces armées de continuer à réprimer notre peuple, c'est continuer avec les morts de faim et de maladies, et-Dieu nous en préserve-les combats fratricides ».

Il dit avoir été informé par des « camarades démocrates » du groupe aérien présidentiel, responsable des déplacements de Maduro, que celui-ci « tenait prêts deux avions » en permanence. « Qu'il s'en aille ! », a-t-il lancé.

Il s'agit du premier militaire de ce rang à se rallier publiquement à Guaidó, alors que Maduro compte sur le soutien déterminant des forces armées pour se maintenir au pouvoir. Jusqu'ici, seul un colonel, attaché de défense aux États-Unis, avait franchi le pas.

Le commandant de la défense aérospatiale, le général de corps d'armée Juan Teixeira a réagi en dénonçant « l'attitude criminelle » du général Yanez « qui trahit son serment d'allégeance à la patrie, à l'institution et à notre commandant en chef, Nicolas Maduro ».

Manifestations à Caracas

Des milliers de manifestants ont commencé à défiler samedi à Caracas, les uns pour exiger que Nicolas Maduro cède le pouvoir au président autoproclamé Juan Guaidó, les autres pour célébrer le 20e anniversaire de la révolution bolivarienne et réaffirmer leur soutien à Maduro.

Rassemblés à l'appel de Guaidó, les partisans de l'opposition, portant des drapeaux du Venezuela, se sont réunis en cinq points de l'est de la capitale et ont commencé à marcher vers la siège de la représentation de l'Union européenne, dans le quartier de Las Mercedes.

« Liberté ! Liberté ! Liberté ! », scandaient les manifestants en tapant sur des casseroles ou en actionnant des cornes de brume, tandis que d'autres portaient des pancartes avec le visage du président Maduro barré.  

« Écoutez la garde (bolivarienne), écoutez le Sebin (services de renseignement), ça va tomber, comme le mur de Berlin », pouvait-on lire par ailleurs. Ou encore : « Des Vénézuéliens meurent de faim faute de nourriture et de médicaments : Maduro assassin ! ».

L'opposition veut envoyer « un message à l'Union européenne » pour remercier « tous ces pays qui, très bientôt, vont nous reconnaître », avait déclaré Juan Guaidó, 35 ans, qui préside le Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition. Celle-ci juge son second mandat, entamé le 10 janvier, illégitime, car issu d'élections frauduleuses.

Le choix de défiler samedi n'est pas anodin : c'est le jour anniversaire des 20 ans de la « révolution bolivarienne », du nom du héros de l'indépendance Simon Bolivar, qui marque l'investiture, le 2 février 1999, du président socialiste Hugo Chavez, décédé en 2013 et dont se réclame Nicolas Maduro.

De leur côté, les partisans de Maduro, dont beaucoup vêtus de rouge, étaient rassemblés au son de la salsa sur l'avenue Bolivar, dans le centre-ville, pour célébrer cet anniversaire. Devant une estrade, quelques-uns esquissaient des pas de danse.  

« Gringo hors de ma patrie », pouvait-on lire sur le panneau d'un des manifestants.

Quelques heures avant le début de ces manifestations, un général de division de l'Armée de l'Air a annoncé faire allégeance à Guaidó, alors que Maduro compte sur le soutien déterminant des forces armées pour se maintenir au pouvoir.

Au Venezuela, pays pétrolier qui fut le plus riche d'Amérique latine, deux hommes se disputent le pouvoir : Nicolas Maduro, qui n'est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l'opposant Juan Guaidó, soutenu par les États-Unis, la plupart des États latinoaméricains et certains pays européens.  

Washington appelle à rejoindre Guaidó

Washington a appelé samedi les militaires vénézuéliens à rejoindre le camp du président autoproclamé Juan Guaidó, à l'instar du général de l'armée de l'Air Francisco Yanez qui a déclaré ne plus reconnaître « l'autorité dictatoriale » de Nicolas Maduro.

« Les États-Unis appellent tous les membres de l'armée à suivre l'exemple du général Yanez, et à protéger les manifestants pacifiques qui soutiennent la démocratie », a déclaré sur Twitter le conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, John Bolton.

Photo CARLOS GARCIA RAWLINS, REUTERS

Le président par intérim du Venezuela Juan Guaidó