Les autorités mexicaines ont déclaré vendredi qu'elles « désapprouvaient » la nouvelle politique des États-Unis consistant à renvoyer les demandeurs d'asile de l'autre côté de la frontière durant l'examen de leur dossier, mais qu'elles les accueilleraient pour des raisons « humanitaires ».

Roberto Velasco, porte-parole du ministère mexicain des Affaires étrangères, a expliqué que le Mexique n'avait pas donné son feu vert à cette décision du président Donald Trump.

« Le gouvernement mexicain est en désaccord avec la mesure unilatérale mise en place par le gouvernement américain. Cependant [...], nous réitérons notre engagement envers les migrants et les droits de la personne », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Mexico.

L'ambassade américaine a informé les autorités mexicaines que cette politique entrerait en vigueur dans les prochaines heures avec le retour de 20 demandeurs d'asile d'Amérique centrale au poste-frontière de San Ysidro, qui sépare San Diego en Californie et la ville mexicaine de Tijuana, a-t-il précisé.

Selon M. Velasco, les États-Unis y ramèneront chaque jour 20 personnes et étendront éventuellement cette politique à d'autres points de passage le long des quelque 3100 kilomètres de frontière qui séparent les deux pays.

Au moins 80 % des demandes d'asile sont sans fondement, d'après le département américain de la Sécurité intérieure, et nombre de demandeurs d'asile ne se présentent même jamais à l'audience où doit être examiné leur cas. Le système accumule de plus des retards énormes, avec 800 000 demandes d'asile en attente.

Annoncé en décembre, le plan « Rester au Mexique » du président américain est vivement critiqué des deux côtés de la frontière.

La nouvelle politique « est non seulement illégale, mais pourrait avoir également des conséquences catastrophiques pour ceux qui souhaitent accéder à la procédure d'asile aux États-Unis, droit qui est inscrit dans le droit national et international », souligne à l'AFP Katie Shepherd, avocate au sein de l'association d'aide juridique aux immigrés American Immigration Council.

Les migrants sont par ailleurs exposés à toutes sortes de violences dans les zones frontalières du côté du Mexique. Ce dernier n'acceptera toutefois pas les mineurs non accompagnés, les personnes ayant des problèmes de santé ou celles faisant appel après le rejet de leur demande d'asile, a prévenu M. Velasco.

Le président américain a renoncé temporairement vendredi au financement de son mur à la frontière mexicaine, censé arrêter l'immigration illégale provenant du sud, pour pouvoir sortir du shutdown le plus long de l'histoire des États-Unis.