(Santiago du Chili) Le président Sebastian Piñera a condamné dimanche pour la première fois les violences commises par la police depuis le début du mouvement de contestation sociale le 18 octobre au Chili.

« Il y a eu un recours excessif à la force, des abus ou des délits ont été commis et les droits de tous n’ont pas été respectés », a reconnu dans une allocution télévisée le chef de l’État chilien.  

La crise sociale sans précédent qui secoue le Chili depuis un mois a fait 22 morts, dont cinq à la suite de l’intervention des forces de l’ordre, et plus de 2000 blessés, dont 200 personnes victimes de lésions oculaires.

PHOTO CLAUDIO REYES, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président Sebastian Piñera

« Il n’y aura pas d’impunité, ni pour ceux qui ont commis des actes d’une violence exceptionnelle ni pour ceux qui ont commis […] des abus », a ajouté M. Piñera, en référence d’une part aux destructions perpétrées par les manifestants les plus radicaux, et d’autre part aux violences des forces de l’ordre pendant les manifestations.

Les accusations de violations de droits de l’homme à l’encontre des policiers se sont multipliées depuis le début de la contestation, poussant l’ONU à envoyer une mission d’enquête. Des enquêteurs d’Amnistie internationale sont également présents dans le pays.  

Le président conservateur s’est aussi exprimé pour la première fois sur l’accord historique conclu vendredi au Parlement par les partis politiques sur l’organisation d’un référendum en avril 2020 concernant un changement de Constitution.  

« Si les citoyens le décident, nous avancerons vers une nouvelle Constitution, la première élaborée en démocratie », a déclaré M. Piñera.

La contestation a démarré le 18 octobre pour protester contre une hausse du ticket de métro à Santiago et s’est vite transformée en une explosion sociale inédite dans ce pays sud-américain loué jusque-là pour sa stabilité économique et politique.  

Les protestataires réclament de profondes réformes structurelles du modèle économique ultralibéral, dans lequel la santé, l’éducation et le système des retraites relèvent quasi uniquement du secteur privé.  

Un remplacement de la Constitution, héritée de la période de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et accusée de maintenir de fortes inégalités dans la société chilienne, figure également en bonne place dans les revendications.