(Caracas) Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi à Caracas contre Nicolas Maduro à l’appel de Juan Guaidó, une mobilisation toutefois en demi-teinte pour l’opposant vénézuélien qui espère profiter des événements en Bolivie pour évincer le président socialiste.  

« Nous n’allons pas fléchir, nous n’allons pas flancher », a lancé à la foule Juan Guaidó.  

Le chef de file de l’opposition vénézuélienne tente de jouer à fond sur le départ du président bolivien Evo Morales, qui a démissionné dimanche après des manifestations parfois très violentes de l’opposition qui l’accusait de « fraude » lors de la présidentielle du 20 octobre.

La Bolivie « a obtenu sa liberté grâce à l’union de toutes ses forces », a insisté Juan Guaidó, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, lors d’un discours prononcé face à l’ambassade de Bolivie.

Le niveau de mobilisation populaire faisait figure de test pour le jeune dirigeant qui tente, en vain, d’évincer Nicolas Maduro de la présidence depuis le mois de janvier.  

Les journalistes de l’AFP ont estimé à environ 5000 le nombre de manifestants dans les rues de Caracas, soit bien moins que les dizaines de milliers de personnes que Juan Guaidó réunissait en début d’année, juste après s’être proclamé président par intérim le 23 janvier.  

PHOTO CRISTIAN HERNANDEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les journalistes de l’AFP ont estimé à environ 5000 le nombre de manifestants dans les rues de Caracas, soit bien moins que les dizaines de milliers de personnes que Juan Guaidó réunissait en début d’année

La mobilisation de ce samedi est toutefois la plus forte depuis la grande manifestation du 1er mai organisée le lendemain de son appel au soulèvement contre Nicolas Maduro, qui avait fait long feu.  

« Pour défendre Evo »

Juan Guaidó et l’opposition vénézuélienne accusent le successeur d’Hugo Chavez de s’être maintenu au pouvoir à la faveur d’une présidentielle « frauduleuse » l’année dernière et le qualifient d’« usurpateur ».

« Nos attentes sont très élevées. Nous ne voulons surtout pas que cette manifestation soit l’une de celles où les politiciens montent sur une tribune pour dire deux ou trois trucs et que tout le monde rentre chez soi », a expliqué à l’AFP Omar Kienzler, un étudiant en droit de 19 ans.

Selon un sondage du cabinet Datanalisis réalisé entre le 18 et le 25 octobre, 32 % des personnes interrogées sont disposées à manifester pour soutenir Juan Guaidó, qui est également président du Parlement.  

Le Venezuela traverse la pire crise économique et sociale de son histoire récente. L’inflation devrait y atteindre les 200 000 % cette année, selon le FMI. En province, les coupures de courant sont quotidiennes et les pénuries de médicaments et d’essence monnaie courante.

L’opposition vénézuélienne met cette situation chaotique sur le dos de la « corruption » et de l’« incurie » des dirigeants vénézuéliens.

En face, le président socialiste avait également appelé ses soutiens à défiler samedi dans la capitale vénézuélienne en soutien à Evo Morales, allié régional de Nicolas Maduro avec Cuba et le Nicaragua.  

Plusieurs milliers de chavistes habillés en rouge ont suivi son appel, à l’image de David Perez, 41 ans, qui a dit manifester « pour défendre Evo et le peuple bolivien ».

Nicolas Maduro, qui est devenu président à la mort d’Hugo Chavez en 2013, accuse régulièrement l’opposition vénézuélienne de vouloir le renverser par un « coup d’État » soutenu par les États-Unis et la Colombie.

Une accusation qu’il a reprise samedi lorsqu’il s’est adressé à ses partisans par téléphone au moyen de haut-parleurs.  

Selon Nicolas Maduro, Washington et l’opposition vénézuélienne comptaient le défaire à l’occasion de la manifestation organisée par le camp de Juan Guaidó, mais « au Venezuela, personne n’organise de putsch, ici le peuple défend la démocratie et la liberté ».

« Nous avons remporté une nouvelle victoire, une victoire de la paix », a encore assuré le président vénézuélien.