(Caracas) Entre huées et harangues, les députés chavistes fidèles au président Nicolas Maduro ont repris leurs places mardi au Parlement vénézuélien, après trois ans d’un boycottage né de leur refus de siéger dans un hémicycle acquis à l’opposition et aux pouvoirs réduits à néant.

« Vive Chavez ! Vive la Patrie ! », ont scandé certains députés chavistes à leur arrivée à l’Assemblée nationale pour signifier leur attachement au défunt président Hugo Chavez (1999-2013), dont l’actuel chef de l’État se réclame.

En écho, les députés de l’opposition à Nicolas Maduro, majoritaires dans ce Parlement unicaméral, leur ont lancé : « Vive le Venezuela libre ! », « Libérez les prisonniers politiques ! ».  

Leur chef de file, Juan Guaidó, a présidé cette séance houleuse à la configuration insolite : s’il est reconnu comme président par intérim du Venezuela par la majeure partie de l’opposition et une cinquantaine de pays dont les États-Unis, les députés chavistes ne voient en lui que le président du Parlement.

Leur retour, a estimé Juan Guaidó avant la séance, « apporte une reconnaissance au seul organe légitime du Venezuela : le Parlement ».

« C’est un geste démocratique du gouvernement légitime du Venezuela que préside Nicolas Maduro », lui a rétorqué la députée chaviste Tania Diaz.

L’absence de la quarantaine de députés du camp présidentiel remonte à 2016.  

A l’époque, l’opposition disposait déjà des deux-tiers des 167 sièges du Parlement, mais la Cour suprême, considérée comme acquise au pouvoir, l’avait déclarée « en désobéissance ». Depuis, l’opposition continue à siéger chaque semaine, mais toutes ses décisions sont systématiquement considérées comme nulles et non avenues par cette même Cour suprême.

« Nous sommes prêts à vous aider à sortir » de cette impasse institutionnelle, a déclaré le chaviste Francisco Torrealba pour expliquer le retour de sa fraction.

Le retour des députés chavistes au Parlement est le fruit d’un accord scellé entre le gouvernement et des partis d’opposition minoritaires, totalisant six députés.  

Ces derniers ont entamé un dialogue avec le camp présidentiel lorsque les négociations entre les délégués de Juan Guaidó et ceux de Nicolas Maduro ont été suspendues début août.

Ces pourparlers, sous l’égide de la Norvège, étaient destinés à dénouer la crise dans laquelle le Venezuela est plongé depuis que Juan Guaidó s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, sans réussir depuis à évincer Nicolas Maduro.

Celui-ci a été réélu pour un second mandat en 2018 à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition qui en a rejeté les résultats, tout comme une grande partie de la communauté internationale.