(Madrid) Un agent de l’Agence américaine anti-drogue (DEA) a accusé l’ex-président vénézuélien Hugo Chavez d’avoir collaboré avec la guérilla colombienne des FARC pour faciliter l’entrée de cocaïne aux États-Unis, selon un document de la justice espagnole publié mardi.

Cette accusation est mentionnée dans un document de l’Audience nationale, haute juridiction espagnole, détaillant sa décision annoncée lundi de refuser d’extrader l’ex-général vénézuélien Hugo Carvajal vers les États-Unis.

La déclaration sous serment de cet agent, soutenant la demande d’extradition américaine, «se réfère à Carvajal […] comme l’un des hauts fonctionnaires du Venezuela membres du dénommé Cartel de los Soles, auquel appartenaient le président Chavez et les vice-présidents Tareck El Aissami et Diosdado Cabello», indique ce document.

Selon cette déclaration, ce supposé cartel «travaillait avec les chefs des FARC pour coordonner des activités de trafic de drogue au Venezuela et en Colombie comme “arme contre les États-Unis”».

Le document de l’Audience nationale cite également l’accusation d’un grand jury américain qui affirme que «l’un des objectifs explicites du Cartel de los Soles était “d’inonder” les États-Unis avec de la cocaïne».

Ce trafic aurait eu lieu «depuis environ 1999 jusqu’à 2019», selon ce grand jury. Hugo Chavez est décédé en 2013.

Selon ce grand jury, le rôle dans cette organisation d’Hugo Carvajal, surnommé «El Pollo» (le poulet), aurait été «la mise à disposition (de forces) de sécurité lourdement armés pour protéger ces chargements de drogues».

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Hugo Carvajal à sa sortie de prison lundi à Estremera, dans le centre de l'Espagne.

Ancien directeur des services secrets militaires sous la présidence Chavez, M. Carvajal avait été arrêté le 12 avril à Madrid. Il a été libéré lundi après la décision de l’Audience nationale.

Son interpellation était liée à son inculpation par le procureur de New York qui l’accuse d’être impliqué dans l’importation de cocaïne aux États-Unis, dont un chargement de 5,6 tonnes transportées du Venezuela au Mexique en avril 2006.

Carvajal a été limogé de l’armée vénézuélienne et déchu de son grade de général par le président vénézuélien Nicolas Maduro, pour avoir reconnu le président autoproclamé Juan Guaidó.

Dans sa décision, l’Audience nationale juge que la demande américaine «ne précise pas quels faits concrets à caractère délictuel ont fondé ladite demande».  

En outre, elle estime que Carvajal suivait «des ordres et directives de la présidence de la république» de par sa fonction de militaire. «Il est permis de penser que la demande (d’extradition) se fonde sur une motivation politique […] en raison de sa condition d’ex-directeur des services de renseignement militaires», conclut le tribunal.