(Rio de Janeiro) Les gouverneurs des États amazoniens du Brésil ont critiqué les initiatives du gouvernement du président Jair Bolsonaro qui ont conduit à la suspension par la Norvège et l’Allemagne de leurs contributions aux Fonds Amazonie, qui permet de financer la préservation du « poumon de la planète ».

Le Consortium inter-États du développement durable de l’Amazonie légale, dont font partie neuf des 27 États brésiliens, a en outre proposé, dans un texte publié tard dimanche, de « dialoguer directement » avec les pays finançant le Fonds Amazonie.

Nous « regrettons que les positions du gouvernement brésilien aient provoqué la suspension des subventions » au Fonds, dit le texte, publié alors que les polémiques s’accumulent autour des projets de Brasilia de développement de l’activité économique, et en particulier minière, dans des réserves indigènes et autres zones protégées.

« Nous sommes totalement opposés à toute pratique illégale d’activités économiques dans la région », poursuivent les gouverneurs qui précisent avoir dit au gouvernement et aux ambassades des pays concernés qu’ils « parleraient directement avec les pays qui financent le Fonds ».

PHOTO EVARISTO SA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Jair Bolsonaro

Ils ont également proposé qu’un établissement régional, la Banque d’Amazonie, soit « le gestionnaire financier » du Fonds et non plus la banque étatique de développement BNDES.

Emboîtant le pas à l’Allemagne, la Norvège, de loin le principal contributeur, a annoncé la semaine dernière qu’elle suspendait une subvention de quelque 30 millions d’euros destinée au Fonds.  

Oslo a, par la voix de son ministre de l’Environnement et du Climat Ola Elvestuen, accusé le Brésil de ne « plus souhaiter arrêter la déforestation » et d’avoir unilatéralement « rompu l’accord » portant sur la gouvernance du Fonds.

La Norvège a apporté 93,5 % des quelque 760 millions d’euros versés entre 2008 et 2018, l’Allemagne 5,7 %.

Berlin a bloqué le 10 août un versement de 35 millions d’euros jusqu’à ce que les chiffres de la déforestation redeviennent encourageants.

Les dernières données officielles de l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE) montrent que la déforestation en juillet a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018.

M. Bolsonaro avait réagi avec virulence à l’annonce d’Oslo : « La Norvège, ça n’est pas ce pays qui tue des baleines là-haut, au Pôle Nord ? Qui y exploite du pétrole aussi ? Ce n’est pas du tout un exemple pour nous. Qu’ils gardent leur argent et qu’ils aident Angela Merkel à reboiser l’Allemagne », avait-il lancé.

Le président s’en est de nouveau pris à la Norvège dimanche soir, sur Twitter. Mais croyant dénoncer la « mise à mort de baleines parrainée par la Norvège », il a posté une vidéo de chasse traditionnelle aux dauphins-pilotes aux îles Féroé, qui appartiennent au Danemark.