Le président désigné du Brésil Jair Bolsonaro et l'actuel chef de l'État Michel Temer se sont prononcés mercredi pour une « transition en douceur », dix jours après l'élection du candidat d'extrême droite, qui a souhaité une forme de continuité.

Les deux hommes s'exprimaient à l'issue d'un entretien à Brasilia, où Jair Bolsonaro rencontre depuis mardi les hauts responsables de l'actuelle administration, de la Cour suprême et des forces armées.  

Le président Temer, arrivé au pouvoir en 2016 après la destitution de Dilma Rousseff (gauche) dont il était le vice-président, a assuré que leur collaboration serait « authentique ».

Elle permettra de discuter de l'éventuelle présentation de projets de loi que Bolsonaro jugerait prioritaires avant même sa prise de fonction, le 1er janvier prochain, a-t-il dit.  

Jair Bolsonaro souhaite mettre rapidement en oeuvre une cruciale réforme des retraites notamment.

« J'ai invité le président Bolsonaro, s'il le peut, à voyager avec moi à l'étranger. J'ai quelques voyages prévus », a ajouté Temer. « J'ai mentionné la possibilité du G20 » à Buenos Aires les 30 novembre et 1er décembre.

Un tel déplacement parait improbable, Bolsonaro étant toujours convalescent et devant subir une nouvelle intervention de chirurgie abdominale à la mi-décembre, après l'attentat qui a failli lui coûter la vie le 6 septembre.

« Je le contacterai plusieurs fois d'ici la fin de l'année pour que nous puissions ensemble assurer une transition de façon que les projets qui sont dans l'intérêt [du] Brésil continuent à évoluer normalement », a affirmé Jair Bolsonaro lors de cette brève allocution avec Michel Temer au Palais présidentiel du Planalto.

« Si nécessaire, nous demanderons à être reçus de nouveau. Car beaucoup de choses [de l'actuelle administration] seront poursuivies », a-t-il dit sans fournir de précisions.

Un soldat et un caporal

Le président désigné a auparavant assuré que personne dans l'exécutif ne pourrait « sauver » le Brésil seul, sans collaborer étroitement avec les autres pouvoirs, lors d'une rencontre avec le président de la Cour suprême, Dias Toffoli.

Assistait à l'entretien l'un de ses fils, le député Eduardo Bolsonaro, qu'il avait dû recadrer après qu'il eut déclaré qu'il suffirait d'« un soldat et d'un caporal » pour faire fermer la Cour suprême.

« Aucune personne seule ne va sauver notre patrie. [...] Il faudra être une équipe, des autorités unies, ensemble avec le peuple pour proposer des alternatives afin que le Brésil puisse occuper la place qu'il mérite sur la scène mondiale », a déclaré le président désigné.

« Vous pouvez être sûr, Votre Excellence, que régulièrement avant de prendre des initiatives, je viendrai vous chercher [...] afin que l'on puisse perfectionner ces idées pour qu'elles suivent leur cours de façon plus harmonieuse à l'assemblée », a-t-il ajouté.

Mis en cause ces derniers jours pour l'absence de femmes au sein de son équipe gérant la transition, le président élu a répondu par un tweet.  

« Je ne me préoccupe pas de la couleur [de peau], du sexe ou de l'orientation sexuelle de ceux qui sont dans mon équipe, mais seulement d'apporter la croissance au Brésil, de combattre le crime organisé et la corruption », a écrit Jair Bolsonaro, qui s'est illustré dans le passé par des déclarations racistes, misogynes et homophobes.

Parmi les 27 personnes de son équipe de transition, se trouvent des économistes et des militaires, mais aucune femme. Son entourage a toutefois fait savoir mercredi que, suite à ces critiques, quatre femmes-trois militaires et une économiste-allaient rejoindre l'équipe.