Le futur ministre de la Défense du président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, a approuvé mercredi l'idée du recours à des tireurs d'élite des forces de sécurité pour endiguer la criminalité armée au Brésil.

« C'est une réaction nécessaire au port ostensible d'armes de guerre à Rio, en particulier par des jeunes », a déclaré le général de réserve Augusto Heleno, futur ministre de la Défense, à la Radio Nacional, à propos de la proposition de tireurs embusqués.

« Il ne s'agit pas de tuer de manière arbitraire. Il faut des critères bien établis, a-t-il poursuivi. Les policiers de Rio sont très courageux [...], mais ils ont besoin d'un autre type d'appui », a ajouté le général Heleno, en référence aux opérations dans les favelas, où règnent des bandes de narcotrafiquants lourdement armés.

Quelques heures plus tôt, le gouverneur élu de Rio, Wilson Witzel, de la mouvance d'extrême droite, avait provoqué un tollé en annonçant qu'il comptait déployer des tireurs embusqués pour abattre les criminels armés, même s'ils ne représentaient pas une menace pour des policiers.

Wilson Witzel, ancien juge fédéral âgé de 50 ans, fait partie des gouverneurs ayant surfé sur la vague Bolsonaro pour être élus lors des élections générales brésiliennes, adoptant une ligne très dure contre la criminalité.  

Le président brésilien élu propose notamment de faciliter l'accès aux armes pour que « les gens bien » assurent leur autodéfense et pour donner une « protection juridique » aux policiers faisant usage de leurs armes en service.

« Si vous avez cinq criminels qui tirent en direction d'un policier, ils devraient tous être abattus », a déclaré Wilson Witzel mardi soir lors d'un entretien à la chaîne Globonews.

Lorsqu'on lui a demandé si son plan prévoyait aussi de tirer dans le dos des suspects, il a ajouté : « L'arme au poing  ? Il [le criminel] représente une menace. Il utilisera cette arme pour attaquer quiconque se trouvera en face de lui », a-t-il ajouté.  

Spirale de violence

La violence est un fléau pour les 208 millions de Brésiliens : elle a fait l'an dernier le nombre record de 63 880 morts et a fait plus de victimes, en sept ans, que la guerre en Syrie.

Après des Jeux olympiques très réussis en 2016, Rio de Janeiro a été confrontée ces dernières années à une spirale de violence alimentée par de grandes difficultés budgétaires et la corruption.

Ces débordements ont forcé en février le gouvernement fédéral à confier à l'armée le commandement des forces de sécurité de l'État de Rio de Janeiro, le deuxième plus riche du pays.  

Au Brésil, la police a déjà la gâchette facile et ne rend guère de comptes non plus, comme l'a déploré Amnistie internationale : elle a tué l'an dernier 5144 personnes lors d'opérations, un chiffre en hausse de 20 %.

Pour les militants des droits de la personne, les annonces de Wilson Witzel sont illégales.

« Donner l'autorisation de tuer automatiquement toute personne qui pourrait être armée alors qu'il n'y a pas de menace imminente contre la vie d'autrui est un affront au droit brésilien et international », a réagi Amnistie internationale.

« Cela n'aboutirait qu'à une intensification de la violence et mettrait en danger la vie de centaines de milliers de personnes, y compris celle des policiers eux-mêmes », a ajouté l'organisation.