La propagation en masse de fausses informations en amont de la présidentielle au Brésil est « une préoccupation constante » et constitue un « phénomène sans précédent » a affirmé jeudi Laura Chinchilla, présidente de la mission de l'Organisation des États américains (OEA) chargée d'observer le scrutin.

Le scrutin qui oppose au second tour dimanche le favori Jair Bolsonaro (extrême droite) et Fernando Haddad (gauche) a été marqué par d'intenses campagnes de désinformation, notamment à travers la messagerie instantanée WhatsApp.

« C'est un phénomène sans précédent [...] c'est la première fois dans une démocratie que nous observons l'usage de WhatsApp pour propager massivement de fausses informations comme au Brésil », a affirmé à Sao Paulo Mme Chinchilla, qui a été présidente du Costa Rica de 2010 à 2014.

WhatsApp, qui appartient à Facebook, est extrêmement populaire au Brésil, comptant 120 millions d'utilisateurs, pour une population de près de 210 millions d'habitants.

Les messages utilisent un langage informatique crypté qui les rend illisibles par des tiers et donc « plus difficile d'accès pour les autorités pour enquêter » contre la désinformation, a rappelé Mme Chinchilla, à l'issue d'une rencontre avec Fernando Haddad.

« C'est un réseau qui inspire la confiance parce que les gens reçoivent des informations qui sont partagées par des proches », a-t-elle ajouté, soulignant que le phénomène WhatsApp avait atteint une « ampleur inédite ».

« C'est pourquoi la désinformation est une préoccupation constante de notre mission et nous continuerons d'insister sur le fait que les citoyens doivent faire l'effort de distinguer le vrai du faux », a rappelé l'ex-présidente costaricienne.

La semaine dernière, la justice électorale a ouvert une enquête après que le quotidien Folha de S. Paulo eut révélé que des entreprises en faveur de Jair Bolsonaro auraient financé l'envoi massif de messages dénigrant son adversaire de gauche sur WhatsApp.

Mme Chinchilla a affirmé par ailleurs avoir également reçu des dénonciations de fausses informations de la part du camp Bolsonaro.