Des milliers de migrants honduriens ont repris leur périple à pied lundi à travers le Mexique dans l'espoir d'atteindre États-Unis, faisant fi des nouvelles menaces du président américain Donald Trump qui a annoncé une réduction immédiate des aides à trois pays d'Amérique centrale.

Il accuse le Honduras, le Salvador et le Guatemala, de ne pas avoir été capables « d'empêcher les gens de quitter leur pays pour entrer illégalement aux États-Unis ».

« Nous allons commencer à couper, ou réduire de façon significative, l'énorme aide internationale que nous leur accordons », a déclaré dans un tweet M. Trump, qui cible depuis plusieurs jours la « caravane » de migrants centraméricains en route vers la frontières américaine.

Donald Trump a également reproché à l'armée et à la police mexicaine d'être « incapables » d'arrêter les migrants, et dit avoir attiré l'attention de l'armée américaine et des gardes-frontière sur ce dossier.

Bravant la soif, la chaleur et l'épuisement, des milliers de migrants, plus de 7000 selon les Nations Unies, se sont remis en route lundi matin, après une deuxième nuit au Mexique, pour tenter de rejoindre la frontière avec les États-Unis, à 3000 km de là.

« La caravane comprend 7233 personnes, dont la plupart ont l'intention de continuer leur marche vers le Nord », a déclaré lundi le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Aziz Haq, en soulignant la nécessité qu'elles soient « traitées avec respect et dignité ».

Arrivés dimanche à Tapachula, les migrants ont mis le cap lundi sur la ville de Huixtla, à 40 km de là, dans le même État du Chiapas, à l'extrémité sud du Mexique. Ils espèrent ensuite gagner Tijuana ou Mexicali, dans le nord du pays.

« Marchez avec nous pour voir ce que vous ressentez », a crié un migrant, en donnant le signal du départ, sur la place Tapachula, où des milliers d'hommes, femmes et enfants, ont dormi dehors, sous des pluies torrentielles.  

« Je me sens forte, malgré la température du soleil, ce qui nous inquiète, ce sont les enfants déshydratés », explique à l'AFP Noemi Bobadilla, 39 ans, originaire de San Pedro Sula.

« Qu'ils m'ouvrent la porte »

C'est de cette ville du nord Honduras que le 13 octobre la caravane de migrants, essentiellement des Honduriens fuyant la violence et la misère dans leur pays, s'est mise en route, après un appel sur les réseaux sociaux.  

« Nous avons un peu peur d'être arrêtés par la police, mais si nous sommes arrêtés et déportés, nous essaierons à nouveau » ajoute Noemi Bobadilla qui voyage avec une amie et son bébé.

Beaucoup de migrants n'emportent avec eux qu'un ou deux petits sacs, d'autres se sont débarrassés de leurs effets personnels au cours du voyage, ne gardant que les vêtements qu'ils portent et quelques habits de rechange, a constaté une journaliste de l'AFP.

« Le problème se posera lorsque nous arriverons dans le nord du Mexique » au milieu de l'hiver, dans un mois, craint Jony Fernandez, 48 ans. « Mais même si je meurs de froid, j'attendrais qu'ils m'ouvrent la porte » à la frontière sud des États-Unis, ajoute-t-il.  

Jeudi, les autorités mexicaines étaient parvenues à bloquer la « caravane » à la frontière, mais de nombreux migrants sont entrés illégalement dans le pays par le fleuve Suchiate séparant le Mexique du Guatemala.  

Parmi ces migrants se trouvent de nombreuses femmes et enfants. Tous s'exposent au risque d'être arrêtés et expulsés vers leur pays d'origine.  

La route à travers le Mexique expose aussi les migrants au risque d'agressions de la part de groupes criminels.  

En 2010, 72 d'entre eux avaient été séquestrés par le sanguinaire cartel des Zetas avant d'être assassinés dans l'État de Tamaulipas pour avoir refusé de rejoindre leurs rangs.  

Selon le ministère de l'Intérieur mexicain, entre vendredi et dimanche 1028 demandes d'asile ont été déposées.

Seconde caravane

Une seconde caravane d'environ un millier de Honduriens a entamé dimanche la traversée à pied du Guatemala en direction de la frontière mexicaine.

Le Honduras est l'un des pays les plus violents du monde, avec un taux annuel de 43 homicides pour 10000 habitants. Sept Honduriens sur dix vivent dans la pauvreté, selon la Banque mondiale.

Selon l'organisation américaine de défense des droits de l'homme The Washington office on Latin America (WOLA), l'aide des États-Unis allouée au Honduras était en baisse l'année dernière.  

Elle est passée de 209,2 millions de dollars à 181,7 millions de dollars entre 2016 et 2017, pour un pays dont le budget est inférieur à 10 milliards de dollars.

Plus de 500 000 personnes traversent chaque année illégalement la frontière sud du Mexique pour tenter ensuite de remonter vers les États-Unis, selon des chiffres de l'ONU.