Le Parquet colombien a accusé lundi les chefs de la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) des enlèvements de huit journalistes locaux et étrangers en 2016 et 2017 dans le Catatumbo, région frontalière du Venezuela.

Dans un communiqué, il a indiqué avoir « présenté l'acte d'accusation des membres du commandement central (COCE) de l'ELN et de certains chefs du front, comme auteurs présumés des crimes de rébellion et enlèvement crapuleux aggravé ».

L'acte concerne la « rétention illégale » de journalistes et le vol de leurs équipements techniques alors qu'ils étaient en reportage dans le Catatumbo, zone d'importantes plantations de coca, matière première de la cocaïne.

« Au cours de l'enquête, le procureur responsable du dossier a identifié ce qui serait une directive de l'ELN, visant à exercer des pressions et à entraver la fonction d'informer des journalistes qui questionnent les intérêts de l'organisation et, ainsi, y portent atteinte », selon le communiqué.

Le COCE, organe de décision de l'ELN, compte cinq commandants de cette guérilla dirigée par Nicolas Rodriguez, alias « Gabino ».

Parmi les accusés figure Pablo Beltran, chef négociateur de l'ELN aux pourparlers de paix avec le gouvernement, et dont le mandat d'arrêt est de ce fait suspendu. Les négociations, délocalisées à Cuba, sont au point mort depuis août, le président Ivan Duque exigeant que la rébellion libère ses otages et cesse toute activité criminelle.

Le premier cas d'enlèvement concerne la journaliste espagnole Salud Hernandez, correspondante du journal El Mundo et aussi collaboratrice du quotidien colombien El Tiempo. Elle avait été enlevée par des guérilleros de l'ELN, puis libérée au bout de quelques jours en mai 2016.

Un journaliste et un cameraman de la chaine colombienne RCN, Diego Alonso D'Pablos et Carlos Alberto Calderon, envoyés sur place pour couvrir cet enlèvement, avaient à leur tour été retenus quatre jours.

Un an plus tard, en mai 2017, l'ELN avait séquestré pendant huit jours deux journalistes néerlandais, Derk Johannnes Bolt et Eugenio Ernest Marie Follender, qui tournaient un documentaire sur des enfants colombiens adoptés aux Pays-Bas.

Considérée comme la dernière guérilla de Colombie depuis le désarmement des FARC et leur transformation en parti politique, l'ELN compte environ 1500 combattants et un important réseau de soutien.

Un accord de paix avec cette rébellion permettrait de mettre fin au dernier conflit armé du continent américain, qui en un demi-siècle a fait huit millions de victimes, entre morts, disparus et déplacés.