Le député d'extrême droite Jair Bolsonaro, favori du premier tour de la présidentielle le mois prochain au Brésil, a été opéré d'urgence jeudi après avoir été poignardé à l'abdomen en faisant campagne.

L'un de ses fils, Flavio Bolsonaro, député de l'État de Rio de Janeiro, qui a annoncé l'attaque et avait d'abord évoqué sur Twitter «des blessures superficielles», a ensuite écrit sur son compte: «Malheureusement, c'est plus grave que nous ne le pensions».

«Il a eu le foie, un poumon, et une partie de l'intestin perforés. Il a perdu beaucoup de sang», a-t-il expliqué. Son état paraît maintenant s'être stabilisé. Prions pour lui».

L'hôpital de la ville de Juiz de Fora, une localité de 700 000 habitants dans l'État du Minais Gerais où le candidat a été attaqué, a toutefois démenti peu après que le foie de M. Bolsonaro ait été touché.

Selon l'hôpital Santa Casa, cité par le site G1, M. Bolsonaro, 63 ans, a été atteint à l'intestin, mais pas au foie, et son état a été jugé «stable». L'établissement a annoncé que le patient était opéré en urgence.

Les médecins devaient faire une déclaration à 20h30 locales.

Un porte-parole de la police militaire du Minas Gerais a annoncé que le suspect, un homme de 40 ans, avait été immédiatement arrêté. Il a précisé que l'auteur de l'attaque «portait un couteau enveloppé dans un tissu».

Selon plusieurs sites d'information, l'agresseur serait un ancien militant du parti de gauche PSOL et aurait dit avoir agi «au nom de Dieu».

Des images télévisées ont montré M. Bolsonaro, juché sur les épaules de sympathisants, recevant un coup violent sous le thorax. Il s'est effondré en arrière avec une grimace de douleur, avant d'être évacué.

Il était en pleine campagne, vêtu d'un t-shirt jaune et saluant la foule dans une rue bondée de Juiz de Fora, à trois heures de route de Rio de Janeiro, quand il a été agressé, un événement rare dans une campagne présidentielle au Brésil.

M. Bolsonaro avait une protection policière, en tant que candidat à la présidence.

Grand admirateur de la dictature militaire (1964-85) et habitué des dérapages racistes, misogynes ou homophobes, il arrive largement en tête des intentions de vote du premier tour de la présidentielle (22%).

C'est ce qu'a indiqué le premier sondage réalisé après l'invalidation de la candidature de l'ex-président Luis Inacio Lula da Silva, jusque-là grand favori malgré sa condamnation à plus de 12 ans de prison pour corruption.

M. Bolsonaro, du petit Parti social libéral (PSL), serait toutefois battu par la quasi totalité de ses adversaires au second tour, selon l'enquête d'opinion publiée tard mercredi.

«Punition exemplaire» 

L'ancien capitaine de l'armée est par ailleurs le candidat suscitant le plus de rejet, surtout parmi les femmes, 44% des personnes interrogées affirmant qu'elles ne voteraient jamais pour lui.

Le président Michel Temer et les candidats les plus en vue pour le scrutin ont rapidement condamné l'attaque contre le député d'extrême droite.

«Il est intolérable de voir que dans un État démocratique il n'est pas possible d'avoir une campagne normale», a dit le chef de l'Etat.

L'écologiste Marina Silva, en 2e position dans les sondages derrière M. Bolsonaro (12% des intentions de vote) pour le premier tour, a jugé cette attaque «inadmissible» et a évoqué «un double attentat, contre son intégrité physique et contre la démocratie».

Le candidat du PSDB (centre droit) Geraldo Alckmin a réagi sur Twitter en estimant que «la politique se fait par le dialogue, et jamais avec la haine».

L'ex-gouverneur de Sao Paulo a espéré que «l'enquête sur l'attaque subie par le député Jair Bolsonaro sera rapide, et la punition exemplaire», tout en souhaitant un «prompt rétablissement au candidat».

Un autre candidat, Ciro Gomes (centre gauche), a rejeté dans un tweet également «la violence comme langage politique» et a exprimé sa «solidarité» au député. Il a exigé que «les autorités punissent les responsables de cette barbarie».

L'attaque contre M. Bolsonaro pourrait modifier le cours de la campagne, mais elle risque aussi d'accentuer la très grande polarisation du pays à un mois de la présidentielle la plus incertaine de son Histoire récente.