La Cour suprême vénézuélienne a ordonné mercredi l'arrestation de Julio Borges, ex-président du Parlement et membre prééminent de l'opposition en exil, l'accusant d'être impliqué dans l'«attentat» aux drones dont le président Nicolas Maduro s'est dit victime samedi.

La Cour suprême «ordonne l'arrestation immédiate du député» pour «meurtre aggravé» à l'endroit de Nicolas Maduro, précise un communiqué du tribunal.

La Cour s'est aussi déclaré favorable à des «poursuites» contre le député Juan Requesens, également impliqué par M. Maduro dans la «tentative de magnicide».

La Constituante, créée pour damer le pion au parlement, seul organe du pouvoir vénézuélien aux mains de l'opposition, a privé de leur immunité les députés visés par des poursuites.

Julio Borges se trouve en exil depuis février, lorsqu'a échoué, en République dominicaine, un dialogue avec le gouvernement de Nicolas Maduro qui portait sur la date de l'élection présidentielle.

Le très impopulaire Nicolas Maduro, à la tête d'un pays ruiné, a accusé la Colombie d'être responsable de cette «tentative d'assassinat» à son encontre, avec l'opposition vénézuélienne.

M. Borges, qui a assisté mardi à Bogota à l'investiture du nouveau président, Ivan Duque, a qualifié les accusations de M. Maduro de «farce».

«Tout le monde sait que (l'«attentat») est une mise en scène destinée à poursuivre et condamner tous ceux qui s'opposent à votre dictature», a-t-il lancé mercredi à M. Maduro sur Twitter.

La décision concernant M. Requesens a été prise après avoir «déterminé qu'existent des éléments suffisants pour estimer qu'ont été commis des délits», selon la Cour.

Juan Requesens, du parti Primero Justicia (la justice d'abord), fondé par Julio Borges, a été arrêté mardi soir par des membres de la police secrète.

MM. Borges et Requesens ont été accusés par le président Maduro de participation dans l'organisation d'une attaque à l'aide de drones chargés d'explosifs qui, selon le gouvernent, avaient pour but d'attenter à la vie du chef de l'Etat, lors d'un défilé militaire à Caracas samedi.

«Il s'agit d'un kidnapping, de la disparition forcée d'un député, du viol de son immunité. (...). L'Assemblée constituante, illégitime, inconstitutionnelle, n'a pas le pouvoir de lever l'immunité», a réagi lors d'une conférence de presse mercredi le vice-président du parlement, Alfonso Marquina.

Selon la Constitution vénézuélienne, seul le parlement peut lever l'immunité des ses membres, sur demande la Cour suprême. Mais dans la pratique l'Assemblée constituante - qui n'est pas reconnue par une grande partie de la communauté internationale - s'est arrogée ses pouvoirs.