La Cour suprême du Brésil a commencé vendredi une série d'audiences publiques sur la légalisation de l'avortement, l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) étant actuellement très limité dans le plus grand pays d'Amérique latine.

Le débat public, qui se poursuivra lundi, réunit des spécialistes de la santé, des représentants d'ONG et des leaders religieux. Il porte sur un jugement de la Cour qui pourrait autoriser l'avortement jusqu'à la 12semaine de grossesse.

La date du jugement n'a toujours pas été fixée.

L'IVG n'est autorisée au Brésil qu'en cas de viol, de risque pour la mère ou de grave malformation du foetus. En dehors de ces cas de figure, toute femme recourant à l'avortement risque jusqu'à trois ans de prison.

Le sujet est particulièrement délicat dans un pays marqué par l'influence croissance des mouvements conservateurs émanant d'Églises évangéliques néo-pentecôtistes.

L'une des premières personnes à intervenir lors de l'audience publique est une représentante du ministère de la Santé, Maria de Fatima, qui a affirmé qu'en dépit d'une législation très restrictive un cinquième des femmes brésiliennes a déjà avorté.

Selon elle, plus de 200 Brésiliennes meurent chaque année à l'issue d'avortements clandestins, et 250 000 sont hospitalisées à la suite de complications.

Ce débat a lieu à quelques jours d'un vote crucial en Argentine, où le Sénat doit se prononcer le 8 août sur un projet de loi autorisant l'IVG jusqu'à la 14semaine de grossesse.

La question de l'avortement est également très présente dans les débats électoraux en vue de la présidentielle brésilienne d'octobre.

L'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a l'intention de se présenter même s'il est incarcéré depuis avril pour corruption, est ouvertement pour la légalisation de l'IVG, tandis que le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro est radicalement contre.

L'écologiste Marina Silva, de confession évangélique, est contre l'avortement à titre personnel, mais se dit ouverte à la tenue d'un référendum pour trancher sur la question.

La Confédération nationale des évêques du Brésil est revenue à la charge mercredi en affirmant que le droit à la vie est « inconditionnel » et « à toute étape de la vie ».