Un journaliste a été assassiné mardi près de Cancun, dans l'État touristique de Quintana Roo (est), le septième depuis le début de l'année au Mexique, un des pays les plus dangereux pour exercer cette activité.

Ruben Pat, directeur de l'hebdomadaire Playa News, a été abattu alors qu'il se trouvait à l'extérieur d'un bar, tôt le matin, à Playa del Carmen, à environ 60 kilomètres de la célèbre station balnéaire de Cancun.

Les autorités judiciaires locales ont condamné dans un communiqué «l'intimidation exercée contre la profession de journaliste par des attaques violentes», promettant de rendre justice à la victime.

Fin juin, un autre journaliste de cet hebdomadaire en ligne, José Guadalupe Chan, 35 ans, avait été abattu à Felipe Carrillo Puerto, dans ce même État de la côte caraïbe.

Ruben Pat avait été interviewé en juin par l'AFP après le meurtre de son collègue, informant que ce dernier avait reçu des menaces par téléphone liées à son activité journalistique.

Pat avait lui-même dénoncé en juin «avoir été arrêté, menacé et torturé par des policiers» de Playa del Carmen et «avoir publié des informations sur des liens entre des fonctionnaires locaux et la délinquance organisée», selon un communiqué le bureau du haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme au Mexique.

«Il est impératif de mener une investigation rapide, exhaustive et efficace qui prenne en compte le travail journalistique de Ruben Pat, de l'hebdomadaire Playa News, ainsi que les antécédents de menaces et attaques contre les membres de ce média», a exigé Jan Jarab, le représentant au Mexique du haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, selon ce communiqué.

Suite aux menaces qu'il avait reçues, les autorités avaient fourni à Ruben Pat un bouton de panique, lui permettant d'alerter les autorités en cas d'agression imminente.

«Les autorités doivent tirer les conclusions de ce terrible drame: le mécanisme (de protection des journalistes) a échoué à protéger Ruben Pat, dont la situation de vulnérabilité était connue depuis longtemps», a jugé dans un communiqué le responsable de RSF en Amérique latine, Emmanuel Colombié.

L'Union européenne a également condamné ce meurtre et demandé dans un communiqué aux autorités mexicaines «de garantir la protection de ceux qui exercent le métier de journaliste au Mexique».

Violences en hausse

Le secteur de Cancun et Playa del Carmen, très apprécié des touristes étrangers notamment pour ses plages, a connu ces dernières années une forte augmentation des violences liées au crime organisé.

En 2016, une fusillade entre groupes criminels avait fait cinq morts à Playa del Carmen lors d'un festival de musique électro, dont deux Canadiens, un Italien et un Colombien.

Les corps démembrés de trois personnes avaient été découverts en juin 2017 dans des valises à Cancun, non loin de la zone touristique.

Selon l'ONG Semáforo Delictivo, 279 assassinats liés au narcotrafic ont été recensés depuis le début d'année dans cette région.

Il est le septième journaliste assassiné en 2018 au Mexique, l'un des pays les plus dangereux pour exercer cette activité avec la Syrie et l'Afghanistan.

En 2017, 11 journalistes avaient été assassinés dans le pays, et au total plus d'une centaine depuis l'an 2000, selon plusieurs ONG de défense de la liberté d'expression.

Les meurtres de journalistes se déroulent le plus souvent dans des États où la présence du crime organisé est forte, et bénéficie de complicités au sein des autorités locales que le travail des journalistes peut déranger.

La grande majorité de ces crimes restent impunis.