Le parlement du Nicaragua a autorisé vendredi la venue dans le pays de militaires de plusieurs pays, dont la Russie, de juillet à décembre pour des exercices, une mesure critiquée par l'opposition en pleine répression d'un mouvement de protestation populaire qui a fait plus de 220 morts.

Alors que le dialogue entre opposition et le président Daniel Ortega est dans l'impasse, les manifestations qui exigent son départ se poursuivent. Les opposants à cet ancien «héros» de la révolution sandiniste de 1979 désormais sur la sellette populaire ont appelé à une «marche des fleurs» à Managua et dans plusieurs villes du pays.

«Nous n'avons pas peur ! qu'il s'en aille ! Assassin ! des élections maintenant !», criaient vendredi des manifestants à Masaya, ville située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale et devenue l'épicentre des protestations.

Le parlement, par 73 voix contre 15, a donné son aval à la venue de 230 militaires russes et de leurs moyens aériens et navals pour participer à des exercices de lutte contre le trafic de drogue.

Il a également autorisé la venue, pour des exercices antidrogue et d'aide humanitaire, de 160 militaires du Mexique, du Venezuela et de Cuba ainsi que d'un nombre non précisé de soldats d'autres pays d'Amérique centrale, des États-Unis et de Taïwan.

Le député de l'opposition Jimmy Blandon s'est élevé contre la venue de militaires du Venezuela, pays qui soutient le régime sandiniste du président Daniel Ortega, engagé dans une répression du mouvement de contestation qui a fait plus de 220 morts depuis avril.

«Le Venezuela a soutenu les crimes contre l'humanité qui ont été commis dans notre pays», a accusé le député, qui dénonce par ailleurs l'immobilisme de l'armée face aux groupes paramilitaires responsables de nombreuses violences contre les protestataires.

Il est «imprudent d'approuver ce décret» alors que le pays traverse une crise, a de son côté estimé le député d'opposition Alfredo Aguirre.

Le gouvernement sandiniste pour sa part rappelé que le Nicaragua a autorisé à 38 reprises l'entrée de troupes étrangères dans le pays depuis le retour au pouvoir de Daniel Ortega en 2007.

La vague de contestation, la plus violente dans le pays depuis des décennies, a été déclenchée le 18 avril par une réforme de la sécurité sociale.

Malgré l'abandon rapide de cette réforme, la colère populaire, accentuée par la répression policière, n'est pas retombée et cible Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo, vice-présidente, accusés de confisquer le pouvoir et de brider les libertés.